ƒ critique Suzanne Teïbi

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Encore et toujours, la famille

Le spectacle s’ouvre sur la scène d’un repas auquel une famille nous convie d’assister. Et là, avant de pénétrer tout à fait dans la fiction, les comédiens nous posent, comme si nous, spectateurs, étions responsables, la question de leur avenir. Aujourd’hui, de quel avenir peuvent-ils rêver ? Dans une adresse directe, ils nous prennent à partie. Ces jeunes gens – tous les comédiens ont la vingtaine – ne se posent pas la question. Ils nous la posent. Passons cette maladresse, et continuons, pour voir. Nous entrons alors dans une fiction, dans laquelle chaque personnage est l’un des membres de la famille : la mère, le père, et les cinq enfants.

Très vite, quelque chose pose question : pourquoi certains de ces personnages sont-ils des archétypes, et comment défendre un personnage, quand on le caricature ? Pourquoi ne pas lui donner une chance ? Comment le spectateur peut-il avoir envie de le suivre, si déjà, le comédien qui le porte, pose sur lui un regard sarcastique et stéréotypé ? La petite bourgeoise, le rebelle, le mal-aimé, l’intello, l’infirme dont personne ne tient compte de son handicap, tout y passe.

Les problématiques familiales ressortent : l’enfant surprotégé et étouffé par sa mère, celui qui est mis de côté, le désir de tuer le père, les clans qui se forment… Et, en creux, des textes simplistes et anecdotiques : la fin dans le monde, l’amour étouffant d’une mère.

La place du rêve

Pour créer ce spectacle, les comédiens ont tenu le journal de leurs rêves. On voit mal le rapport entre la réflexion profonde de l’introduction (quel avenir aujourd’hui pour les nouvelles générations ?) et le corps du spectacle, basé sur les rapports intra-familiaux, engendrant frustrations, souffrance, ou drôlerie. Car la dramaturgie du spectacle se tisse autour des rêves intimes, qui ne mettent jamais en avant la question du collectif.

Le vivre ensemble n’est hélas jamais vraiment abordé. La cohérence globale du projet s’en ressent : si certaines scènes sont vraiment bien pensées, et nous entraînent dans des séquences de rêve habilement montées et souvent justement interprétées, cette succession de scènes rêvées ne suffit pas.

Il nous en faudrait plus pour avoir envie d’embarquer dans les rêves de chacun. Un propos plus solide, par exemple. 

RÊVE Restons Ensemble Vraiment Ensemble
Création collective
Mise en scène : Vincent Brayer
Collaboration littéraire : Raphaël Heyer, Antoinette Rychner  Création sonore : Cédric Simon Création lumière : Nicolas Berseth
 Adaptation et régie lumière : Yan Godat
 Scénographie : Chloé Dumas
Avec : Koraline De Baer, Pierre Antoine Dubey, Camille Mermet, Thibault Duval, Baptiste Gillieron, Aurélien Patouillard, Julia Perazzini en alternance avec Claire Deutsch, Philippe Wicht

Jusqu’au 16 juin 2013   – Du mardi au samedi à 20h30 – Dimanche à 16h30

Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manœuvre – 75012 Paris
Métro :  Château de Vincennes
Réservation : 01 43 28 36 36
www.la-tempete.fr

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