Critiques // Critique • Première soirée du Festival « Le Paris des Femmes » au Théâtre des Mathurins

Critique • Première soirée du Festival « Le Paris des Femmes » au Théâtre des Mathurins

Jan 07, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • Première soirée du Festival « Le Paris des Femmes » au Théâtre des Mathurins

Critique de Djalila Dechache

Le Paris des femmes : premier festival d’auteures de théâtre, sur le thème Guerre et Paix.

Sous la direction artistique de l’auteur et fondatrice du festival Véronique Olmi, et avec elle Michèle Fitoussi et Anne Rotenberg, cette manifestation de trois jours (6, 7 et 8 janvier 2012) s’attache à mettre en scène les textes écrits par des femmes « pour qui nous avions une admiration » dit-elle.
Et à qui, le collectif artistique a passé commande il y a un an, de huit textes inédits en un acte, lus avec une mise en espace, une scénographie signée Mâkhi Xenakis et un jeu de lumières.
Et d’ajouter, en ouverture le vendredi 6 janvier : « c’est écrit pour ce soir, savourons ce moment ». Voilà pour l’argument, non négligeable. Très applaudie et visiblement très appréciée Véronique Olmi.

© Mâkhi Xenakis

Le constat est juste, il y a peu de femmes auteurs dramatiques et a fortiori très peu de femmes dirigeant un lieu national de type Centre Dramatique National ou Scène Nationale. Certes l’un ne joue pas sur l’autre. Mais les femmes écrivent davantage de romans, de biographies, de livres pour la jeunesse. C’est pourquoi le groupe qui est à l’origine de cet événement s’est adressé à des auteurs déjà édités, déjà connus.
Déjà Michel Vinaver, il y a quelques temps, dans son « Compte rendu d’Avignon » en avait fait le constat en évoquant le manque d’auteurs français de manière générale, cela s’est un peu amélioré avec l’adaptation de textes littéraires, des monologues, des récits, ses conclusions et préconisations restent toujours d’actualité.
En effet, c’est une question d’importance nationale qui renvoie à l’intérêt qu’un pays accorde à cette question en l’intégrant dans le programme dès l’université, comme les pays anglo-saxons qui enseignent l’écriture dans les cursus de littérature.

Lors du premier soir, deux pièces ont été présentées, jouées avec les mêmes interprètes :

« La Sirène aux alouettes » de Irina Dalle, avec Fanny Cottençon, Pauline Gardes, Jean-Pierre Malo et Alexandre Zambeaux.
Trois personnages en quête d’existence veulent répéter une pièce avec leur auteur mais les mots leur jouent des tours et les personnages ne sont plus du tout sûrs d’exister, d’avoir leur place entre le comédien et sa propre histoire.

Il y a beaucoup de jeux de mots , de sonorités comme subsistance, subsister, pitié ou le froid, l’effroi, frisson de quoi, prononcés comme une liste de courses.
Ce type de texte qui joue sur la mise en abîme de l’abîme, intégrant la répétition dans la représentation, le filon du personnage qui veut se révolter (merci J.Prévert et L.Pirandello !) contre l’autre, comme la fiction envers le réel et l‘inverse, fait que, l’ensemble renvoie à beaucoup de bavardages pour pas grand-chose. Peut-être que justement ce genre de texte ne supporte pas la scène et serait beaucoup plus efficace en écoute laissant l’imaginaire de chacun faire le reste.

Dès que Jean-Pierre Malo, bien trop rare à la scène et au cinéma, est arrivé sur scène, la pièce prend de l’intérêt car il lui donne corps, souffle, chair, voix, humour, en un mot de la présence.

« Kad la folle » (Je serai toujours là n’ayez crainte) de Carole Thibault.
Une entrée avec une musique tonitruante, les didascalies entendues nous apprennent que nous sommes dans un salon bourgeois, cossu ou dans un décor futuriste. Ou les deux à la fois.
Les personnages, Monsieur et Madame ainsi que Kadia. Une pièce un peu trop longue, en plusieurs parties, parfois dissonantes, manquant de lien et de rythme.

Cela commence avec un discours qui aurait pu s’appeler « Le discours du rédempteur » aux allures de prêche, d’allocution, de grande messe quelque soit sa nature.

Encore une fois, Jean-Pierre Malo donne de la voix et s’en donne il est vrai, à cœur joie en se “lâchant” totalement sur ce morceau, un numéro proche des candidats à l’investiture américaine. Voilà, c’est cela , il n’y a pas qu’en France où des élections s’approprient les salles et les écrans, un show qui ne nous épargne rien, même pas le couplet en chœur et en play-back « Voici le Rédempteur ».

Ensuite, il y a quelques facilités dans l’écriture pourrait-on dire, au moment où l’auteur passe au Printemps Arabe en “balançant” les noms des dictateurs. On ne comprend pas trop ce glissement de terrain.
Cela est gratuit, n’apporte rien et dessert le texte, alors que jusque là il était resté très général, sans lieu ni date.
Autant évoquer la guerre de cent ans ou la Saint-Barthélémy dans ce cas, parce que là c’étaient des guerres intestines ou « intestinales », terme utilisé par le personnage principal.

Le Paris des Femmes, 1re édition
Festival d’Auteures de théâtre

Direction du Festival
: Véronique Olmi
Auteures : Geneviève Brissac et Alice Butaud, Irina Dalle, Michèle Fitoussi, Carine Lacroix, Camille Laurens, Murielle Magellan, Amanda Sthers et Carole Thibault

Les 6, 7 et 8 janvier 2012

Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins, Paris 8e
M° Havre-Caumartin, Madeleine — Réservations 01 42 65 90 00
www.theatredesmathurins.com

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