Critiques // Critique. «On ne sait comment» de Luigi Pirandello, mise en scène Marie-José Malis à la Maison de la poésie

Critique. «On ne sait comment» de Luigi Pirandello, mise en scène Marie-José Malis à la Maison de la poésie

Mar 22, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. «On ne sait comment» de Luigi Pirandello, mise en scène Marie-José Malis à la Maison de la poésie

ƒƒƒ Critique Suzanne Teïbi

on ne sait comment © denise oliver fierro

© Denise Oliver Fierro

L’expérience collective

Roméo a commis deux crimes. Un meurtre, et un adultère. Il devient fou, non pas de culpabilité, mais parce qu’il se sent coupable de ne ressentir aucune culpabilité, et que cela lui pose des questions existentielles. Roméo avoue alors ses crimes à ses proches, s’interroge, et tire le fil d’une réflexion profonde dans laquelle il nous entraîne.

Il plane sur On ne sait comment une grande gravité. Rentrer dans les questionnements de Roméo est une tentative audacieuse que Marie-José Malis prend le temps de déployer. Ce temps qui ose se prendre peut faire peur à certains spectateurs, il passionne les autres. La tentation psychologisante, pouvant être induite par le texte, est heureusement minimisée par une proposition passionnante et énigmatique d’un rapport au spectateur qui prend le dessus.  Pendant trois heures, les comédiens explorent un terrain de jeu radical et bienveillant, dont on sort transformé. Ici, personnages et spectateurs forment une véritable assemblée théâtrale qui avance dans cette histoire, mais surtout dans cette réflexion sur la vie. Les personnages s’adressent à cette assemblée dans son entièreté, les comédiens veillant toujours à prendre en compte les spectateurs : les regarder dans les yeux, leur parler directement, partager quelque chose de précieux avec eux.

Derrière les rideaux

On ne sait comment construit et déconstruit couche après couche, à mesure que les rideaux s’ouvrent et se referment, les espaces de jeu et de pensée. Pénétrer dans ces territoires devient une expérience intime très forte, même si ce qui se joue profondément nous échappe. Les comédiens évoluent dans ces espaces, les cassent, les transforment, viennent s’asseoir à quelques centimètres des spectateurs, puis remontent sur le plateau, devant le rideau, derrière le rideau, devant un autre rideau au lointain : il se joue des statuts différents de la pensée, mais lesquels ?

Si Roméo devient fou, il ne laisse personne indemne, et les strates de l’humain qu’il fouille font que son voyage est sans retour. Impossible de revenir en arrière.

 

On ne sait comment
Jusqu’ mars au 31 mars 2013
Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h

Texte : Luigi Pirandello
Traduction : Michel Arnaud – L’Arche
Mise en scène : Marie-José Malis
Scénographie : Jean-Antoine Telasco, Adrien Mares, Marie-José Malis, Jessy Ducatillon
Son : Patrick Jammes
Lumières : Jessy Ducatillon
Costumes : Zig et Zag
Avec : Pascal Batigne, Sylvia Etcheto, Olivier Horeau, Sandrine Rommel, Victor Ponomarev

Maison de la poésie
Passage Molière – 157, rue Saint-Martin – 75003 Paris
Métro Rambuteau, Châtelet
Réservations : 01 44 54 53 00
www.maisondelapoesieparis.com

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.