Critiques // Critique. « Muerte y reencarnación en un cowboy » de Rodrigo García au T2G

Critique. « Muerte y reencarnación en un cowboy » de Rodrigo García au T2G

Jan 14, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Muerte y reencarnación en un cowboy » de Rodrigo García au T2G

ƒ Critique Dashiell Donello

phoca_thumb_l_rodrigo garcia1_photo_christian berthelot

© Christian Berthelot

Si Garcia viole une guitare électrique de façon hystérique, c’est à l’évidence parce qu’il n’est plus heureux

Le théâtre de Gennevilliers invite Rodrigo García et sa dernière pièce, « Muerte y reencarnacion en un cowboy ». Très bruyante, mais nullement dérangeante, car la convention de la provocation a des limites et si la nouveauté ne vient pas remettre en question des certitudes agressives, le sens devient un fugitif mis à nu et sans consistance politique.

Si nous étions une rock-star qui dans son intimité ferait de la danse classique la bite à l’air. Si notre tête tintinnabulait le creux comme un bonnet de bouffon baisant une guitare. Si un panneau nous avertissant d’un danger ne produisait que la peur du ridicule. Si nous étions Roncevaux faisant une fellation à son l’oliphant.  Si demain nous mourions de distorsions électriques, en faisant l’amour à un taureau. Pourrions-nous nous réincarner en cow-boy ?

Rodrigo García pense avoir dépassé les bornes ! Pas de mesure assez grande pour rendre compte de la folie humaine par l’expérience. Tentons la prédation dans les cerveaux humains. Faisons croire  que le témoin est le méchant et que l’expérimentateur est le gentil qui a tout compris. Jetons un chat dans la cage aux poussins jaunes comme des croix de David ; disons au public que ni le chat, ni les poussins  ne sont responsables de l’absurdité de la vie de l’homme, mais seulement ce qu’ils vont imaginer. Jamais deux cow-boys sur scène en stetson et bottes à éperons ne représenteront la vacuité de ce que  veut dénoncer Rodrigo García, si le corps à corps éternel résonne  la mort par une sexualité de bazar et une révolte égocentrique. Si Garcia viole une guitare électrique de façon hystérique, c’est à l’évidence parce qu’il n’est plus heureux.

L’excès théâtral n’est pas assez visuel, ni criard pour donner à voir la vomissure de la société. La règle d’être hors règle par un regard carrément subjectif ne peut se passer de mot. Le cynisme de García ne peut rien contre le malheur social. Il souffre. Sa compassion va jusqu’à la perte d’un dieu, qui mort ne lui fera plus peur. Ironie de l’histoire c’est que rire n’est pas mortel, mais souffrance. La convention d’une provocation ne peut hélas ! S’effacer par la convention de la débauche. La danse, la performance, la pornographie et la vidéo ne peuvent donner l’idée de mort d’une société. Garcia tire sur l’ambulance et opère sur une jambe de bois. Ce qui, dernièrement, faisait de lui  un novateur en fait aujourd’hui un narrateur de portes ouvertes.

Le théâtre est un espace de liberté. Donc rien n’est déplacé sur scène, rien n’est loufoque, le vrai, le faux, la fiction et la beauté. Rien n’est scandaleux ni provoquant dans cette proposition de García ; partant que tout est marketing, comme il le dit lui-même. On pourrait même dire qu’il est en dessous de la réalité d’un monde décevant. N’avons-nous pas d’autres choix que d’être des anges déchus qui dansent avec Bacchus ? La plus effroyable confusion est dans ce que tente de dénoncer García. Point de réincarnation possible pour qui résilie le contrat social puisqu’il en jouit. Non Rodrigo, vous n’avez pas l’exclusivité de la connerie humaine ; vous vous perdez en justicier masqué. Redevenez le bouffon shakespearien ! Nous vous voulons dans un théâtre de combat. Dans la voie ouverte de Goya, de Borges, de Golgota picnic. C’est comme ça et ne nous faites plus chier. Nous voulons des textes saignants avec le feu d’une vraie révolte ! Vous pensez nous avoir choqué ? Non, nous sommes seulement choqués de votre désertion théâtrale. Alors à bientôt cher Rodrigo ?

 

Muerte y reencarnación en un cowboy
Une proposition de Rodrigo García
Durée 1h45. Spectacle en espagnol surtitré en français
Avec Juan Loriente, Juan Navarro, Marina Hoisnard
Lumières : Carlos Marquerie
Son : Vincent Le Meur
Jusqu’au 19 janvier 2013 à 20h30- Le 15 et 17 janvier à 19h 30
Théâtre de Gennevilliers
41 avenue des Grésillons – F 92230 Gennevilliers
Réservations : 01 41 32 26 26 –
Métro : station Gabriel Péri. Navettes gratuites de retour vers Paris

http://www.theatre2gennevilliers.com/2012-13/

 

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.