Critiques // Critique. « Mon ami, Louis » de Gilles Gaston-Dreyfus. Théâtre du Rond Point

Critique. « Mon ami, Louis » de Gilles Gaston-Dreyfus. Théâtre du Rond Point

Fév 21, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Mon ami, Louis » de Gilles Gaston-Dreyfus. Théâtre du Rond Point

ƒƒ Critique Blooms

p127980_2© Giovanni Cittadini Cesi

Louis est un homme comme tout le monde avec ses peurs et ses doutes, mais de temps en temps, il dérape en pensant que tuer son prochain peut l’aider à trouver un sens à sa vie.

«J´ai peur de la mort. J’ai peur de mourir aussi»

Le plateau est vide et on attend dans le noir. Une douche de lumière dévoile peu à peu la silhouette d’un homme habillé sans artifice, pantalon, chemise et veste noire. Aucune musique, pas d’éclairage ni de projection vidéo spectaculaire pour l´accompagner. Il est seul. Il nous regarde en silence. On comprend d’un seul regard que ce n’est pas quelqu’un que l’on peut qualifier « de personne ordinaire».  Doit-on en avoir peur ? En rire ? Qu’il parle ! Et enfin il commence. Et il ne s´arrête plus jusqu’à la fin. 1h10 qu´on ne voit pas passer.

Ce monologue est une suite de récits décousus qui dessinent peu à peu le portrait de Louis. L´écriture n´est pas exceptionnelle mais le jeu de Gilles Gaston-Dreyfus insuffle suffisamment de caractère pour n’en faire qu’un simple détail : c´est une performance d´acteur. Son personnage est construit d´une manière admirablement précise, qui se définit dans sa parole et dans son corps. On sent que l´acteur est complètement habité par son personnage. Peut-être dû au fait qu´il en est l´auteur et que, en quelque sorte ils ont cohabité ensemble longtemps. Le comédien prend du plaisir sur scène, il s´amuse,  et nous on le regarde et on le suit sans se poser de question.

« On a toujours l´impression que quelqu’un nous regarde vivre tout le temps. D´une façon très gênante, très bloquante »

Notre protagoniste, seul dans la vie, seul sur la scène, plein d´humour noir, amène sur le plateau vide une ambiance sordide dans laquelle il nous embarque. Certes il  y a des longueurs mais on les pardonne. La parole est fluide. On dirait que toutes les histoires affreuses qu´il nous raconte, toujours avec son humour féroce et parfois enfantin,  ne l´atteignent pas. Or son corps le trahit en nous montrant son mal-être malgré lui : il bute, s´arrête, se rattrape, bégaie, a le hoquet,  a mal au cœur, transpire, a des fou rires, des tics, fait des grimaces … Et on finit par si attacher à ce héros !

L’acteur nous entraîne avec lui tout du long et nous conquit définitivement avec la fin. On entend pour la première fois dans le spectacle une musique. Notre personnage parle toujours et sans cesse pendant que la musique le noie progressivement. On voit ce héros qui essaie de s´exprimer  mais ses paroles ne nous parviennent plus. Le poids de la musique finit  par l´étouffer. Et ça nous fait réfléchir.

Pourquoi vient-il nous raconter tout cela ? La réponse il nous l´offre avec une de ses dernières répliques :

« Il n´y a pas d´intérêt à être si on ne transmet pas »
 

Mon ami, Louis
De Gilles Gaston-Dreyfus avec la collaboration de Nicolas Boukhrief.
Mise en scène de  Gilles Gaston-Dreyfus et  Nicolas Boukhrief
Avec  Gilles Gaston-Dreyfus
Théâtre du Rond Point
2bis Av. Franklin Roosevelt 75008 Paris
Métro : Franklin Roosevelt – Champs Élysées Clemenceau
Réservation : 01 44 95 98 21
Jusqu’au 9 Mars ; du mardi au Samedi à 21h ; Dimanche à 15h30
http://www.theatredurondpoint.fr/

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.