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Critique. « Ménélas rebétiko rapsodie » de Simon Abkarian au Grand Parquet

Jan 18, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Ménélas rebétiko rapsodie » de Simon Abkarian au Grand Parquet

ƒƒƒ Critique Dashiell Donello

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© Natacha Koutroumpa

La table est dressée. Blanche et pure et soignée

En attente de convives. Il y a de quoi boire, fumer, et des instruments. Tout est prêt pour la fête. Mais n’est-ce pas autre chose ?

La table est dressée. Blanche et pure et soignée. Deux hommes élégants en volutes de fumée entrent gominés de fierté. Cigarettes écrasées et verres vidés cul sec. Ils lèvent le mystère. Ce sont des musiciens. Ils jouent le Rébétiko venue d’Asie mineure dans les années vingt, dit-on. Cela vient des bas-fonds, c’est le blues de la Grèce.

La dictature des colonels honnissait les chants trop orientaux, les chants de crimes d’honneur, de la drogue et des amours perdues. Alors le bouzouki (Grigoris Vasilas) devient tragédien grec et la guitare (Kostas Tsekouras) nous danse sa mémoire.

La table est dressée. Blanche et pure et soignée. « Les statues aux belles formes ne veulent plus rien dire. Les miroirs sont éteints. Les chansons se sont tues. » Il entre celui qui est mort à la joie dans son habit de roi qui ne signifie plus rien. Il va dans son royaume les yeux repus de sel et tout sur son passage crie « Hélène ! Hélène ! ». Le voici sur son trône tout d’amour et rongé par la haine. Le voici Ménélas dans l’incantation de l’homme seul, dans la poésie  de la plainte.

C’est beau. On pleure. On rit aussi. Simon Abkarian nous laisse sans voix. C’est lui l’Aède merveilleux, le coryphée du verbe. Que dire devant tant de larmes, de rires et d’ivresse amoureuse ? Sinon que le théâtre est là dans sa simple nudité. Celle d’un texte et d’un comédien. Où l’ordinaire devient divin et la douleur exquise.

La mise en scène voici comment Simon Abkarian nous en parle : J’ai voulu remettre au centre le verbe, sans artifices. Ainsi dans la mise en scène, il n’y aura pas d’effets de quelque sorte que ce soit. Il y aura trois chaises, une table, un acteur et deux musiciens. Des rébètès. »

Tout est vrai. Mais dans son humilité, Simon Abkarian  oublie de dire qu’il y a les tripes de la sincérité : les vociférations de l’émotion, la chair qui vibre, une musique sublime et l’aura d’un acteur de haute voltige. Le tout fait de lui un poète, qui chaque jour s’affirme d’avantage. Nous ne sommes pas près d’oublier ce « Ménélas grand cru 2013 » du bon et beau théâtre que l’auteur nous offre, en ce début d’année. Alors buvons  à l’amour de la vie au théâtre et à la poésie !

Ménélas rebétiko rapsodie

De Simon Abkarian
Texte publié aux éditions Actes-Sud papiers en novembre 2012

Mise en scène et comédien : Simon Abkarian
Chant et Bouzouki : Grégoris Vassila
Guitare : Kostas Tsekouras
Création Lumière : Jean-Michel Bauer
Jusqu’au au 3 février 2013 – Tous les jours sauf lundi, mardi à 21h.
Le Grand Parquet – Jardins d’Eole
35 rue d’Aubervilliers
75018 Paris
Métro : Stalingrad
Réservation : 01.40.05.01.50
www.legrandparquet.net

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