Critiques // Critique • « Même si tu m’aimes » de Mélissa Drigeard et Vincent Juillet au Studio des Champs Elysées

Critique • « Même si tu m’aimes » de Mélissa Drigeard et Vincent Juillet au Studio des Champs Elysées

Déc 10, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « Même si tu m’aimes » de Mélissa Drigeard et Vincent Juillet au Studio des Champs Elysées

Critique de Ottavia Locchi

Marie et Simon sont en couple, ils vivent ensemble et ils s’aiment. Tout irait pour le mieux si Marie n’avait pas un sale caractère et si Simon ne prenait pas tout à la légère… C’est pourquoi ils décident de se lancer dans la folle et passionnante aventure de la thérapie de couple. William, leur psy, tente avec beaucoup d’énergie de ressouder les deux êtres à coup d’exercices loufoques et de règles pour le moins pas banales !

La thérapie comme garantie ?

Plus que du couple, la pièce traite de la thérapie de couple, de ce triangle d’or que forment les deux patients et le psy. Car dans cette psychothérapie, ce dernier s’infiltre dans le ménage, et finit par en faire partie… Jusqu’à ce qu’il deviennent une véritable garantie : si Marie et Simon viennent encore le voir, même au bout de trois ans, c’est qu’ils ont cette volonté de faire durer leur amour. Ayant reconnu qu’ils n’y arrivent pas tous seuls, une sorte de dépendance vis-à-vis du thérapeute s’installe doucement, mais sûrement.

Une triade explosive !

Ce personnage du psy, William, tient donc une place de choix. Mais au lieu d’intégrer le duo de façon neutre, on découvre une véritable personnalité derrière le sérieux analyste ! À la fois percutant et fataliste, il revendique le couple comme une anomalie et ne sortira pas indemne de sa rencontre avec le couple Marie/Simon. Dans ce rôle, Pierre Azéma excelle : « Il n’y a pas de couple incompatibles, il n’y a que des psys incompétents ». Ok William, on retient !
Marie, tour à tour sensuelle, pétillante, enquiquineuse, boudeuse ou casse-pied, représente à la perfection ces femmes à la fois exigeantes et perdues. Interprétée par Melissa Drigeard (également co-auteur de la pièce), on peut dire que le personnage de Marie a trouvé son incarnation idéale !
Et puis il y a Simon, l’homme amoureux, l’homme fuyant et de mauvaise foi, mais aussi l’homme touchant, paumé, fatigué. C’est le comédien Morgan Perez qui l’interprète avec brio, dans la souffrance et la colère comme dans la béatitude de l’amour qu’il porte à Marie.
Un trio de comédiens éclatants, qui mènent leurs personnages jusqu’au bout des obstacles de la thérapie. Des insultes aux incantations, en passant par l’exercice de la raquette et les rendez-vous d’échanges sexuels, William n’épargnera rien à Marie et Simon !

Consternant, mais tellement jouissif…

Les situations auxquelles les personnages sont confrontés rappellent sans mettre de gants ce quotidien amoureux appauvri de surprises que nous redoutons tous, d’une manière ou d’une autre. Le texte de Vincent Juillet et Mélissa Drigeard nous entraîne dans les péripéties malheureuses d’un couple qui n’arrive pas à se comprendre, une fois le bonheur simple du début fané.
Peut-être, les deux auteurs auraient-ils pu aller encore plus loin dans l’écrit pur, au-delà des mésaventures qui sont déjà pittoresques. C’est-à-dire aiguiser encore un peu les mots pour rendre le texte encore plus cruel qu’il ne l’est déjà. Car tout y est savoureux : un couple qui se déchire, un psy totalement arbitraire dépassé par son désir, de l’argent gaspillé, des insultes invraisemblables… Encore quelques tirades affûtées et on frôle l’extase Shakespearienne !

Julien Boisselier, dont c’est la première mise en scène, s’en tire déjà comme un expert. La mise en place est juste, les transitions logiques, le décor simple et efficace, et tout s’enchaîne avec facilité. Celui qu’on connait comme comédien au cinéma (« Je vais bien ne t’en fais pas » de Philippe Lioret, 2006, ou « Nuit Blanche » de Frédéric Jardin, 2011) ou au théâtre (« Vie privée » de Philip Barry, mise en scène Pierre Laville au Théâtre Antoine, 2009) étonne par ses facilités. « J’aime passer d’un monde à l’autre », confie-t-il.
La musique de Jean-Michel Bernard accompagne les emberlificotages des trois personnages avec beaucoup de justesse et apporte un véritable plus à la mise en scène pétillante de Julien Boisselier.

Une danse à trois cocasse autour du couple menée de main de maître par une équipe qui maîtrise son sujet !

Même si tu m’aimes
De : Mélissa Drigeard et Vincent Juillet
Mise en scène : Julien Boisselier
Avec : Pierre Azéma, Mélissa Drigeard, Morgan Perez
Assistante à la mise en scène : Fabienne Tournet
Musique : Jean-Michel Bernard

Du 24 octobre au 19 décembre 2011, le lundi à 20h
Studio des Champs Élysées
15 avenue Montaigne, Paris 8e
Métro Alma-Marceau – Réservations 01 53 23 99 19
www.comediedeschampselysees.com

Reprise le 7 février 2012
Théâtre Michel
38 rue des Mathurins, Paris 8e
M° Havre Caumartin — Réservations 01 42 65 35 02
www.theatre-michel.fr

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