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Critique . Les tribulations d’une étrangère d’origine au Théâtre Ouvert

Fév 15, 2013 | Aucun commentaire sur Critique . Les tribulations d’une étrangère d’origine au Théâtre Ouvert

ƒƒƒ Critique Denis Sanglard

© CRdL

 LES TRIBULATIONS D UNE ETRANGERE D ORIGINE -

Elizabeth Mazev, Rojbè pour sa maman, Treudka pour son papa, est une comédienne généreuse, fine et spirituelle, doublée d’un formidable écrivain. Les tribulations d’une étrangère d’origine, version scénique de son récit Mémoire pleine, conte son enfance de petite fille française d’émigrés bulgares, son adolescence, sa vie de femme et de comédienne, la Bulgarie en sautoir… Pas de nostalgie, non, mais un regard aigu, lucide sur un pays, « le satellite le plus fidèle de l’union soviétique », en proie au soubresaut de l’histoire qui vit la chute du bloc communiste et la Bulgarie s’ouvrir à l’Ouest. La déception aussi de ne pas retrouver, adulte, le pays mythique de son enfance, de chercher à retrouver dans un pays livré au capitalisme sauvage ce que les bulgares tentent de fuir coûte que coûte. Histoire intime qui se mêle à l’Histoire d’un pays qui n’existe plus et sans doute n’a jamais existé que dans la mémoire nostalgique d’exilés. Les yeux de l’enfant se décillent cruellement à l’âge adulte. Quand comédienne reconnue en France elle cherche à travailler en Bulgarie. Désillusion amère: elle est au regard des bulgares définitivement une étrangère. Elizabeth Mazev interroge la mémoire. Mémoire bricolée entre souvenirs intimes et collectifs, familiaux et historiques, vérités et mensonges. Comédienne, elle n’ignore pas les jeux de dupes auxquels nous nous plions de bonne grâce, les mensonges nécessaires, les omissions volontaires, les petits arrangements. « On écrit sa légende personnelle, on tisse son histoire minuscule, on arrange sa vie comme on arrange un bouquet ». Elle narre tout cela avec malice. Il y a beaucoup d’humour, de tendresse et d’émotion. Mais rien de trop. C’est d’une grande pudeur. Et dit comme ça, simplement. Qu’elle ait trois, cinq, quinze ou quarante ans, sans effet aucun sinon une perruque blonde que l‘on dénatte, ça marche. La mise en scène de François Berreur est d’une simplicité et d’une grande précision, pleine de petites trouvailles rigolotes, au plus près de son actrice. Deux valises semblent contenir toute l’enfance, toute la Bulgarie, tout un passé et tout un avenir. Toute une vie en somme. Et quand les deux valises de la petite Rojbè deviennent la loge de la comédienne Elizabeth Masev on se dit que oui, la vie est un théâtre dont nous sommes les acteurs.

 

Les tribulations d’une étrangère d’origine
De et avec Elizabeth Mazev
Version scénique de Mémoire pleine, un récit d’Elizabeth mazev/Ed. Les Solitaires Intempestifs
Mise en scène et scénographie de François Berreur
Lumières François Berreur, Bernard Guyollot
Costumes Nathy Polak
Musique Christian Girardot d’après la chanson populaire Mon pays, ma Bulgarie
Assistante à la mise en scène Marie Delaby

Jusqu’au 2 mars 2013- Mardi à 19h – Du mercredi au samedi à 20h – Matinée le samedi à 16h – Relâches exceptionnelles vendredi 15 février à 20h et samedi 2 mars à 16h

Théâtre Ouvert
Centre national des dramaturgies contemporaines
4bis cité Veron
75018 Paris
Métro : Blanche, Place de Clichy
Réservations: 01 42 55 74 40
www.theatreouvert.net/

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