Critiques // Critique. « Lendemains de fête », création de Julie Berès au théâtre des Abbesses.

Critique. « Lendemains de fête », création de Julie Berès au théâtre des Abbesses.

Mar 03, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Lendemains de fête », création de Julie Berès au théâtre des Abbesses.

ƒƒƒ Critique Blooms

Lendemains de f+¬te Philippe Delacroix 013

© DR

Après une rencontre avec Ariane Mnouchkine, Julie Berès décide de se consacrer au théâtre. Ce n´est pas une coïncidence. Comme le théâtre de Mnouchkine, la création de Julie Berès aux Abbesses est magique.

Tout au long de « Lendemains de fête », on assiste au voyage intérieur d’un vieil homme qui essaie de remonter le fil de sa vie. Comme tout voyage intérieur, la notion d’espace-temps ne correspond pas à la réalité. L’imaginaire, l’intuition et l’émotion transforment les souvenirs, les peurs, les rêves et les doutes en images brouillées qui se mélangent, se modifient et se confondent avec le présent.

« Ça, c’est la peau qui s’en va »

Le temps qui passe inexorablement. Vieillir. L’angoisse de vieillir. Les pertes. La perte de l’enfance, la perte de la jeunesse du corps et des capacités intellectuelles, la perte des êtres chers, la perte de la vie. « Grandir, c’est apprendre à perdre. ».On ne se débarrasse pas facilement des questions que Berès nous expose et nous font réfléchir sur notre condition humaine.

 « Qu’est-ce que c’est une vie heureuse? »  « Qu’est-ce que c’est l’important? ».

La mise en scène inventive et pluridisciplinaire, d’une sensationnelle poésie, nous mène dans un univers onirique, d’une beauté esthétique hors du commun, qui nous émeut et nous touche au plus profond. Berès nous transporte entre le présent et le passé de notre héros, en optant pour le partage de la scène en deux espaces. Une plateforme mécanique noire surélevée représentant le moment présent, se confond avec le reste de la scène, une traînée de feuille d’automne, lieu de réminiscence de notre personnage. L’omniprésence d’un piano qui se meut de manière fantasmagorique, suivi par une armoire, nous fait revivre la nostalgie d’un temps révolu. Une faible lumière sur la totalité de la scène ainsi qu´un jeu d´effets visuels et sonores, nous plongent dans l’univers mental de cet homme septuagénaire. Les scènes intimes se superposent à un chœur qui rappelle la tragédie grecque, des corps jeunes et vigoureux se mêlent à la chair flétrie par le temps, liant chaque tableau tantôt avec nostalgie, tantôt avec confusion, tantôt avec jubilation ou humour absurde. Le jeu, l’énergie et la présence des acteurs sont extraordinaires. Ils nous offrent avec une générosité sans limite leur corps et leur âme, complètement dénudés d’artifices. On ne s’étonne pas que les trois jeunes acteurs viennent du monde du cirque, ils ont une maîtrise de leurs corps surprenante et leurs acrobaties et mouvements nous coupent littéralement le souffle. Le mélange des arts – théâtre, cirque, danse, musique, vidéo – est significatif du travail de Julie Berès : « Je considère que l’écriture textuelle participe d’un processus scénique global. En effet, je n’adapte pas à la scène un texte existant. Notre démarche d’écriture résulte d’une pratique collégiale. En effet je fais appel à d’autres compétences que la mienne ».

La fin est poignante et nous laisse la douce impression que la vie est magnifique malgré tout. Le noir se fait, on sort du théâtre terriblement ému, et on a une saisissante envie de vivre !

« Et toi mon cœur, pourquoi bats-tu?»

Lendemains de fête
Création de la Compagnie Les cambrioleurs
Mise en scène et conception de Julie Berès
Scénario, dramaturgie et montage de Julie Berès, Elsa Dourdet, Nicolas Richard et David Wahl
Chorégraphie Stéphanie Chêne
Avec Christian Bouillette, Evelyne Didi, Matthieu Gary, Julie Pilod, Vasil Tasevski et  la participation du Choeur de la Ville.
Théâtre des  Abbesses (Théâtre de la Ville)
31 Rue Des Abbesses 75018 PARIS
Métro : Abbesses
Du 25 Février au 5 Mars 2013
De lundi à Samedi à 20h30
Location au 01.42.74.22.77

http://www.theatredelaville-paris.com

 

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.