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Critique • « L’École des femmes » de Molière, m.e.s. de Jacques Lasalle à la Comédie Française

Nov 25, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « L’École des femmes » de Molière, m.e.s. de Jacques Lasalle à la Comédie Française

Critique de Solveig Deshamps

Est-il besoin de rappeler que l’auteur en est Molière ? Mais peut-être a t-on oublié que c’est Jacques Lassalle qui a fondé le Studio-Théâtre de Vitry en 1967, qu’en 1983 il est nommé à la direction du Théâtre national de Strasbourg et qu’il fût administrateur de la Comédie française de 1990 à 1993.

« Seul le texte reste pour l’essentiel invariant. La compréhension que nous en avons et le désir de le représenter changent avec le temps, comme nous même et comme le monde autour de nous. »

© Cosimo Mirco Magliocca

Jacques Lassalle signe sa quatrième mise en scène de « L’école des femmes ». Claire et précise, cette compréhension du texte qu’il nous fait parvenir. Redécouverte de l’écriture de Molière, tout compte fait il écrit bien ce Monsieur ! Ne vous offusquez pas mais à force de crier au génie de Poquelin, on en oublie parfois l’essentiel.
« L’école des femmes » est une pièce en cinq actes écrite en vers : Agnès a quatre ans lorsque Arnolphe décide d’en faire sa pupille, de l’enfermer dans un couvent, de la façonner pour pouvoir l’épouser, pour ne pas être cocufié. Femme-objet entre les mains de l’homme. Folie et pouvoir. Agnès va réellement prendre conscience de sa séquestration en rencontrant Horace dont elle tombe amoureuse.

Se méfier de l’eau qui dort

Jacques Lassalle a eu l’ingénieuse idée de mettre la maison d’Arnolphe, la maison de l’enferment d’Agnès sur une île, maison sur pilotis. Il y a le “dedans” (la maison) et le “dehors” (l’avant scène séparée par un tulle peint tantôt opaque, tantôt transparent). C’est le chemin qui mène à l’embarcadère, c’est le lieu des rencontres.

© Cosimo Mirco Magliocca

Sobre et efficace la scénographie de Géraldine Allier, sobres et efficaces les lumières de Franck Thévenon, sobres et efficaces les costumes de Renato Bianchi avec cette petite touche de ridicule classiquement indispensable pour Enrique et le notaire. Sobre et efficace pour laisser arriver le raz de marée qui va s’emparer d’Arnolphe.
Parlons-en de cette folie d’Arnolphe, Arnolphe dévasté par la jalousie, magnifiquement interprété par Thierry Hancisse, jamais grotesque, à la frontière du monstrueux qui nous fait presque l’aimer avec cet amour fou qui le dévore, impuissant devant les jeunes amants. Ne devient-on pas amoureux fou lorsque la jalousie s’empare de nous ? Magnifique aussi Julie-Marie Parmentier, Agnès fragile et forte, rebelle. Peut-être que si Horace (Jérémy Lopez) avait semblé plus amoureux… Mais les jeunes amoureux chez Molière ne sont ils pas toujours un peu niais ?
S’il est des rôles difficiles dans les pièces de Molière, ce sont bien les personnages qui raisonnent et qui semblent souvent bavards et soporifiques, ici Gilles David (Chrysalde) a su trouver la légèreté et va à l’essentiel avec justesse.

Beau spectacle qui nous rend intelligent, belle mise en scène et belle direction d’acteur, Jacques Lassalle nous emmène de la comédie à la tragédie. Une belle soirée. On y entend même la musique de Couperin, Haendel et Purcell. On y entend aussi les clapotis de l’eau.

L’École des Femmes
De : Molière
Mise en scène : Jacques Lassalle
Avec : Yves Gasc, Simon Eine, Thierry Hancisse, Céline Samie, Pierre Louis-Calixte, Gilles David, Julie-Marie Parmentier, Jérémy Lopez
Scénographie : Géraldine Allier
Costumes : Renato Bianchi
Lumières : Franck Thévenon
Réalisation sonore : Daniel Girard et Jean-Luc Ristord
Assistant à la mise en scène : Julien Bal

Du 19 novembre 2011 au 06 janvier 2012
Horaires spéciaux disponibles sur le site

Comédie Française
Place Colette, Paris 1er
Métro Palais-Royal Musée du Louvre – Réservations 0825 10 1680 (0.15 € TTC/mn)
www.comedie-francaise.fr

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