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Critique. « Le Roi Lear » de Shakespeare, mise en scène de Christian Schiaretti au Théâtre de la Ville

Mai 17, 2014 | Commentaires fermés sur Critique. « Le Roi Lear » de Shakespeare, mise en scène de Christian Schiaretti au Théâtre de la Ville

ƒƒ Article de Camille Hazard

La nouvelle mise en scène de Christian Schiaretti, créée en janvier dernier avec la troupe du TNP, fait renaître le Roi Lear de ses cendres.

Christian Schiaretti -TNP

 © Christian Ganet

Le spectacle, hommage au théâtre de Jean Vilar, au théâtre du Globe, au théâtre tout entier, est de toute beauté… Les costumes d’époque, colorés, bouffants, évocateurs d’Histoire et de temps, tranchent avec un décor minimal, géométrique, offrant une foule d’images au gré des scènes. Un haut mur encerclant le plateau dénudé, donne tout d’abord l’impression de vertige, puis d’une impitoyable arène lorsque rentrent les premiers protagonistes. Ce décor suffit à nous immerger dans cette pièce magistrale de Shakespeare en mettant en exergue l’idée de combat. Combat extrême jusqu’à l’absurde que mène le Roi Lear auprès des siens, pour garder autorité et pouvoir. Fatigué par les années, celui-ci sent bien qu’il lui faudra bientôt passer la main et se résoudre au repos de la vieillesse. Mais, acceptation inconcevable, il réunit sa cour et ses trois filles afin de tester une fois de plus son autorité sur eux. Lear met en scène un combat de poules entre ses filles ; c’est à celle qui criera le plus fort son amour paternel et qui remportera l’époux le plus fortuné et le plus vaste royaume. Le refus de la cadette à se plier à ce simulacre d’amour annonce la tragédie de Lear. Déshéritant et reniant à jamais sa fille Cordélia, autrefois ô combien préférée, il s’apercevra par la suite de la duperie des deux autres sœurs. S’en suit alors une quête effrénée de vérité dans toute chose, chez ce vieux roi. Serge Merlin avec la plus grande des poésies, travaille au minerai ce personnage complexe… il le taille dans du brut jusqu’à lui trouver la plus petite finesse de jeu. Lear est constitué de tous les âges, du vieillard au bébé. Dès que l’on pense avoir cerné son caractère, trop tard, le voilà déjà glissant vers d’autres pensées, vers d’autres considérations. Serge Merlin parvient à une incarnation totale de l’homme en proie à ses contradictions, ses faiblesses et à la mort… Un total lâcher prise.

Si Serge Merlin, incandescent, nous brûle de tout son corps incarné, les scènes collectives, elles, taillées au scalpel, nous laissent plutôt en distance et bien éloignés de l’action. Avec un petit côté militaire, on s’agace de voir tous ces déplacements, ces prises de parole trop « soignés ». L’esthétique magnifique n’arrive pas à se libérer  d’un contrôle omniprésent.

La mise en scène de Christian Schiaretti est pensée avec une économie de moyens, géniale. Les différentes ouvertures de portes, de fenêtres, s’ouvrant sur du vide, les changements de lumières, suffisent à métamorphoser le plateau en un claquement de doigt.

Le texte, intelligible, nous happe dans cette tragédie et  nous parvenons à nous figurer l’Homme-Dieu, l’Homme-Fou, l’Homme-Souffrance, l’Homme-en quête de son idéal  aux côtés de cet époustouflant acteur qu’est Serge Merlin.

Le Roi Lear

De Shakespeare

Création TNP

Mise en scène Christian Schiaretti

Texte Français Yves Bonnefoy

Dramaturgie Florent Siaud

Scénographie & accessoires Fanny Gamet

Costumes Thibaut Welchlin

Lumières Julia Grand

Coiffures, maquillages Romain Marietti

Son Laurent Dureux

Illustrations sonores Thierry Seneau

Cornistes Pandora Burrus, Pierre-Alain Gauthier, Jean-Philippe Cochenet, Alessandro Viotti

Collaboratrice artistique Michèle Merlin

Assistantes à la mise en scène Julie Guichard, Yasmina Remil

Stagiaire à la dramaturgie Pauline Picot

Avec  Serge Merlin, Pauline Bayle, Andrew Bennet, Magali Bonat, Olivier Borle, Paterne Boungou, Clément Carabédian, Philippe Duclos, Philippe Dusigne, Christophe Maltot, Mathieu Petit, Clara Simpson, Philippe Sire, Julien Tiphaine, Vincent Winterhalter, Marc Zinga, Victor Bratovic, Romain Bressy, Franck Fargier, Lucas Fernandez, Florent Maréchal, Aurélien Métral, Sven Narbonne, Joël Prudent, Loïc Yavorsky

Du 12 au 28 mai 2014

Tous les jours à 19h30, dimanche 18 mai à 17h00 (durée 3h20)

Théâtre de la Ville

2, Place du Châtelet – 75004 Paris

M° / RER Chatelet

Réservations au 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

www.tnp-villeurbanne.com

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