Critique Solveig Deschamps

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La nuit de nos villes … C’est un monstre immense de tôle, percé mille fois de couteaux…

Louis Aragon, figure emblématique du surréalisme, écrit le paysan de Paris entre 1924 et 1925. Il dédie cette flânerie dans les rues de Paris au peintre André Masson. Il y décrit le passage de l’opéra en travaux qui va disparaître pour laisser place au boulevard Haussmann, passage où les surréalistes avaient l’habitude de se retrouver. Il nous emmène à la découverte du parc  des Buttes-Chaumont, jardin citadin où l’homme retrouve son âme de paysan. Au-delà des descriptions, Aragon nous livre son désespoir, ses désirs qui le poussent à marcher inlassablement dans Paris, ce Paris toujours à mi-chemin entre la démolition, la reconstruction et l’immuable.

À quoi bon ?

Sarah Oppenheim (L’exécution du juge infernal à la MC93 en mai dernier dans le cadre du Festival Croisements / Jiaoliu) s’est attelée à une tâche difficile. Comment faire entendre ce texte très littéraire ? Sur le plateau, un comédien sonorisé qui va essayer de  nous faire parvenir les mots d’Aragon d’une voix atone,  et une dessinatrice qui, assise à sa table de dessin, va créer des images sur les images de la ville, projetées sur des toiles suspendues à des perches. La scénographie est intelligente mais elle ne suffit pas à nous faire rêver, malgré les petites inventions sonores, on finit par se perdre, s’ennuyer.

En sortant du théâtre je me souvenais de cette voix incroyablement théâtrale d’Aragon lisant très mal ses textes et qui me réjouissait. Je me disais aussi que lorsqu’il ferait soleil, j’irai m’asseoir sur un banc du parc des Buttes-Chaumont avec dans mon sac Le paysan de Paris. Malgré l’ennui, Sarah Oppenheim m’a donné l’envie de relire Aragon et c’est déjà ça.

Le paysan de Paris
Création pour un comédien et une dessinatrice
D’après Louis Aragon
Mise en scène Sarah Oppenheim
Création sonore Julien Fezans
Création Lumières et vidéo Benjamin Crouigneau
Animation Antonin Douady
Photos Paul Blondé

Jusqu’au 23 avril 2013
à 20h30, lundi 14h30, mardi 19h30, dimanche 15h30. Relâche mercredi et jeudi

MC93 Maison de la culture de la Seine-Saint-Denis
9 boulevard Lénine BP 71 / 93000 Bobigny
Métro : Bobigny Picasso
Réservation  1 01 41 60 72 72
www.mc93.com

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