Critique de Denis Sanglard –
Le Bourgeois Gentilhomme de Molière. Incontournable monsieur Jourdain, bâton de maréchal de nombreux comédiens (Raimu, Louis Seigner, Fernand Raynaud, Jérôme Savary…) est mis en scène aujourd’hui dans sa version comédie-ballet par Catherine Hiegel, rompue au classique après près de quarante ans passé au Français. Monsieur Jourdain, c’est François Morel. Qui donne à son personnage, à ses rêves bling-bling, une naïveté touchante. Sans rien oublier de sa tyrannie domestique. Aussi embarrassé dans ses désirs que dans sa nouvelle robe de chambre, un habit bien trop grand pour lui dans lequel il se prend les pieds. Catherine Hiégel ne livre aucun point de vue, sa mise en scène est littérale, plate, collée au texte. Dans un joli décors dépouillé qui laisse place au mouvement, à la circulation des corps, tout se concentre sur le jeu des comédiens. Coté circulation, ça bouge beaucoup, jusqu’à l’embouteillage parfois. Coté jeu, les comédiennes ont un abatage qui semble manquer à leurs confrères, exception faite de Alain Pralon, le maître de philosophie. Marie-Armelle Deguy, madame Jourdain, l’emporte haut la main. Son arrivée fracassante, proche de l’hystérie, donne à cette mise en scène un sursaut salutaire après un début quelque peu laborieux. Car ce qui pèche dans cette mise en scène est l’empesage « classique » que quelques gags ne réussissent pas à relever. Un problème de rythme que les ballets et les chants au demeurant impeccables lestent davantage. Une légère chape de plomb étrange malgré une mise en scène de bonne facture mais, hélas, convenue. On aurait souhaité une distance, un réel point de vue ou simplement plus prononcé. Auquel François Morel n’échappe pas. Non qu’il soit mauvais, loin de là. François Morel donne toute ambiguïté à son personnage. Mais il semble bridé, devant un choix auquel il ne se résout pas. On aurait souhaité qu’il parte plus à fond dans cette folie, cette vanité enfantine de monsieur Jourdain. A l’inverse du dernier tableau qui le voit s’envoler dans les cintres, rien ne décolle vraiment.
Le Bourgeois Gentilhomme
Comédie-ballet de : Molière et Jean-Baptiste Lully
Mise en scène : Catherine Hiegel
Avec : François Morel, Alain Pralon (Sociétaire honoraire de la Comédie-Française), Marie-Armelle Deguy, Olivier Bioret, Anicet Castel, Stephen Collardelle, Joss Costalat, Eugénie Lefebvre, David Migeot, Emmanuel Noblet, Romain Panassie, Camille Pelicier, Gilian Petrovski, Géraldine Roguez, Frédéric Verschoore, Héloïse Wagner et cinq musiciens
Décors : Goury
Lumières : Dominique Borrini
Costumes : Patrice Cauchetier
Chorégraphie : Cécile Bon
Direction musicale : Benjamin Perrot
Coiffures et maquillages : Véronique Soulier-Nguyen
Assistante à la mise en scène : Natacha Garange
Travail vocal : Vincent LetermeDu 12 janvier au 27 mai 2012
Du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 20h30, le dimanche à 15h00Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 boulevard Saint-Martin, Paris 10e
Métro République, Strasbourg St Denis — Réservations 01 42 08 00 32
www.portestmartin.com