Critiques // Critique . Lampedusa Beach de Lina Prosa dans une mise en scène de Christian Benedetti au Studio Théâtre.

Critique . Lampedusa Beach de Lina Prosa dans une mise en scène de Christian Benedetti au Studio Théâtre.

Avr 11, 2013 | Aucun commentaire sur Critique . Lampedusa Beach de Lina Prosa dans une mise en scène de Christian Benedetti au Studio Théâtre.

ƒ Critique Solveig Deschamps

 Lampedusa-Beach

Lampedusa, terre promise

C’est en face de cette petite île sicilienne que Shauba l’Africaine va se noyer : « La charrette de mer » sur laquelle elle se trouve avec d’autres réfugiés fait naufrage, engloutissant avec elle le rêve d’une vie meilleure. Ce texte de Lina Prosa, directrice du «  Teatro Stusio Attrice/Non » a été lu la saison dernière au Vieux Colombier et plébiscité par le public. Lina Prosa, auteure militante, nous offre un long poème dramatique, monologue intérieur de l’Africaine qui raconte son périple de l’Afrique jusqu’à l’Italie où elle finira par atteindre le fond de la Méditerranée. Long processus de délivrance : Occident, terre promise pour une nouvelle identité, trois ans pour réunir l’argent du voyage, la ténacité des femmes de la famille pour que l’une d’elles puissent partir, le voyage, le viol du passeur, Femme – Chose, le prix à payer pour être libre, le prix à payer pour mourir sous le regard quasi indifférent des Occidentaux. «  La mer est innocente ».

« Un texte qui ne peut pas être spectacle » C. Benedetti

Céline Samie arrive de la salle, s’installe devant le plateau, un écran blanc en avant scène, semblant cacher le décor d’« Existence » d’Edward Bond  (autre mise en scène de Benedetti qui se joue en alternance) à moins que ce ne soit l’impossibilité pour Shauba d’entrevoir ce monde qu’elle croit salvateur. Une chaise, un verre, des lunettes, des poissons suspendus, un dictaphone  et la comédienne blanche (volonté de Lina Prosa pour éviter l’illustration). Débit rapide et voix grave, des larmes qui semblent jaillir comme des gouttes d’eau salée, la belle présence de Céline Samie ne suffit pas à nous emporter dans sa vague. Doit-on faire un spectacle d’un texte qui ne peut pas le devenir ? À moins que Christian Benedetti n’ait pas trouvé la brèche pour qu’il le devienne ? Une amorce de quelque chose qui nous laisse en dehors mais qui ne nous laisse pas indifférents.

(Re)lire « La haine de l’Occident » de Jean Ziegler qui, dans cet ouvrage paru en 2008, s’interroge sur la montée de la haine des pays du Sud à l’égard de l’Occident. il y pose la question de la domination de l’Occident depuis 500 ans (esclavagisme, colonisation, pouvoir économique, corruption…), nous ouvre les yeux, change notre regard et nous amène à reconsidérer l’histoire à, enfin, admettre que nous sommes « les humiliants », à espérer un monde meilleur.

Lampedusa Beach
De Lina Prosa
Traduction: Jean-Paul Manganaro
Avec Céline Samie  ou Jennifer Decker
Mise en scène et scénographie: Christian Benedetti
Lumières: Dominique Fortin
Assistante à la mise en scène: Elsa Granat

Jusqu’au 28 avril 2013 – 18h30 ou 20h30 selon les jours.
Studio Théâtre
99 rue de Rivoli (Carrousel du Louvre) 75001 Paris
Métro : Palais royal
Réservation : 0144589858
www.comedie-francaise.fr

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