Critiques // Critique • « La Princesse transformée en steak-frites » de C. Oster par F. Bélier-Garcia au Théâtre du Rond-Point

Critique • « La Princesse transformée en steak-frites » de C. Oster par F. Bélier-Garcia au Théâtre du Rond-Point

Jan 09, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • « La Princesse transformée en steak-frites » de C. Oster par F. Bélier-Garcia au Théâtre du Rond-Point

Critique de Bruno Deslot

Sur place ou à emporter ?

Après deux mises en scène de l’auteur Hanokh Levin, Frédéric Bélier-Garcia revient au Théâtre du Rond-Point avec une toute autre proposition, celle de quatre contes de Christian Oster : Le Miroir menteur du méchant prince moche / La Bergère enfermée / Le Portrait du monstre et La Princesse transformée en steak-frites.

La salle Roland Topor, utilisée comme une boîte noire, révélerait l’aspect ludique de son contenu seulement si l’on acceptait de jouer avec et si interactions avec le public il y avait ! Or les décors, kitsch à souhait, pourraient faire illusion mais l’ensemble ne fonctionne pas, même si la recherche esthétique est de belle facture et cherche, mais en vain, à donner une couleur, un ton à la proposition. Forêts, châteaux, intérieurs glauques d’ogres affamés, le jeu de pistes est bien réel mais l’énonciation d’une telle proposition manque sévèrement de contenu et les personnages de l’histoire se livrent très rapidement à des exercices de pantomime ponctués d’interjections, de pseudo-répliques et enfin d’une lecture de conte à voix haute.

© Stéphane Tasse

Les dix premières minutes du spectacle démarrent en fanfare et donnent le ton, mais la suite n’est pas épargnée par une chute vertigineuse dans le brouillard, les fumigènes y étaient sans doute pour quelque chose !

Un roi décalé, entouré de deux princesses moches ou belles (on finit pas ne plus savoir !), écoute l’air surpris le programme de sa journée que son valet lui annonce. Un message téléphonique d’une absurdité terriblement drôle, laissée par sa vieille tante à son attention, est retransmis en voix off et achève le monarque épuisé par les airs de flûte traversière de son Kapel Maister. A priori, ce point de départ promet une belle partition avec ou sans fausses notes, peu importe pourvu que le rendu soit décalé, mais cet assemblage des quatre contes de Christian Oster donne le sentiment d’assister à une succession d’improvisations. Les princesses sont moches ou belles et rêvent de se faire manger, dévorer par des ogres affamés ou des princes charmants, pas charmants, timides ou pleutres ! Les fées rencontrent des pannes de baguette magique et les étoiles dans tout ça ? Il n’y en a pas, il fait toujours nuit dans les forêts où rodent les loups !

© Stéphane Tasse

Tout ce petit monde se croise, se rencontre, s’affronte pour se faire des politesses à coup d’épée ou des coups bas entre deux portes. Certes, la vie est dure pour les personnages des contes de fées revus et servis à la sauce Oster mais Frédéric Bélier-Garcia n’en fait pas matière théâtrale, il fonce tête baissée dans une mise en scène qui se veut foutraque (c’est toujours plus vendeur !) mais se prend de plein fouet le revers de la médaille, pas toujours dorée.

Un castelet, placé au centre de la scène, constitue la machinerie de toute l’intrigue. Tantôt une forêt, l’intérieur d’un château, entre obscurité et lumière, les comédiens se répartissent les rôles en se livrant à une course de relais, en essayant de ne pas s’essouffler et pourtant leur diction est très approximative et à cela s’ajoute une régie plateau pour laquelle, il est nécessaire de régler son sonotone afin de ne pas risquer un acouphène !

Sur place ou à emporter ? Sur place, c’est 1h25 et à emporter en vente à la librairie du Théâtre du Rond-Point.

La Princesse transformée en steak-frites
D’après : Christian Oster
Mise en scène : Frédéric Bélier-Garcia
Avec : Ophelia Kolb, Agnès Pontier, Stéphane Roger, Denis Fouquereau, Jérémie Poirier-Quinot, Luc Tremblais
Scénographie : Sophie Perez, Xavier Boussiron
Costumes : Sophie Perez, Corine Petitpierre
Lumières : Jocelyn Davière
Son : Jean-Christophe Bellier
Régie plateau : Vincent Bedouet
Création vidéo : Wilfried Thierry
Création musicale : Jérémie Poirier-Quinot
Réalisation costumes : Corine Petitpierre, Anne Tesson
Construction décor : François Maréchal
Sculpture : Francis Poirier
Peinture : Alexandre Obolensky

Du 5 janvier au 4 février 2012
Du mardi au samedi à 20h30, matinées samedi à 18h30 (sauf les 7 jan. et 4 fév.), le dimanche à 15h30

Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e
M° Franklin Roosevelt — Réservations 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr

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