Critiques // Critique • « La Légende de Bornéo » par le collectif L’avantage du Doute au Théâtre de la Bastille

Critique • « La Légende de Bornéo » par le collectif L’avantage du Doute au Théâtre de la Bastille

Jan 13, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • « La Légende de Bornéo » par le collectif L’avantage du Doute au Théâtre de la Bastille

Critique de Solveig Deschamps

Processus et doute

Ils sont cinq dans ce collectif à écrire et jouer. Cinq à vouloir raconter le monde d’aujourd’hui, celui du travail en puisant dans leur propre expérience, lectures, documents et interviews. Trois femmes et deux hommes qui se côtoient sur le plateau avec leur personnalité et leurs envies différentes de raconter, ensemble et séparés. Le processus est le suivant : Choix du thème, travail individuel à partir d’un questionnaire commun qui va être la matière première du spectacle, confrontation « aucun de nous ne doit lâcher son idée sous prétexte de collectif », phase de répétitions, écriture ou réécriture, organisation des séquences pour arriver au spectacle. On peut lire dans le dossier de presse : « Le montage ,c’est mettre en rapport les choses et faire que les gens voient les choses. Ce que j’appelle montage est simplement un rapprochement (…) Moi, ce que j’aime bien, c’est deux images ,ensemble pour qu’il y en ait une troisième… » (Jean Luc Godard).
Le problème est que dans le cas présent il s’agit de théâtre, pas de cinéma. L’intention est pourtant louable, mais comment trouver l’unité, la cohérence ? Peut-être que ça dépend de cette fameuse matière première. Regret de ne pas avoir vu leur première création « Tout ce qui nous reste de la révolution, c’est Simon ? ».

© Huma Rosentalski

Travailler, c’est trop dur

Plateau brut, ils sont assis à jardin et cour, attendant que ça commence, attendant leur tour de pouvoir témoigner de leurs interrogations sur le travail.
Simon (Bakhouche) accueille les spectateurs, joyeux, la parole facile, il se raconte, lui à la retraite qui vient donner un coup de main à ses camarades qu’il connaît bien puisqu’il jouait dans le spectacle précédent mais comme chacun sait une retraite de comédien permet à peine de nourrir un orang-outan, il faut trouver des petits boulots et en plus c’est légal. C’est lui le lien entre chaque séquence, il est drôle, parfait et on lui souhaite de ne pas quitter définitivement le monde du travail, du moins celui qui consiste à jouer. Et il y a les séquences, la première (un peu à la manière d’un match d’improvisation sauf que tout est écrit et beaucoup plus subtil) avec Mélanie (Bestel) et Nadir (Legrand) le couple qui fait son bilan chaque semaine avec ordre du jour à l’appui, puis Claire (Dumas) l’employée du Pôle Emploi à la recherche de ses dossiers ; puis le couple qui reçoit Judith (Davis) la petite sœur, celle qui nous lit des passages de « Feuilles d’herbe » de Withman et qui veut monter sa compagnie de théâtre et puis et puis et voilà que c’est fini, que ça aurait pu continuer et que c’est bien que ça soit fini.
Un léger agacement à la sortie du théâtre, envie de plus de cohésion et de folie aussi, d’autant que tous les comédiens sont bons, qu’ils écrivent bien. Oui un petit air déjanté et cette création aurait pu devenir un bric-à-brac jubilatoire et aurait donné à réfléchir sur ce merveilleux monde du travail qui nous aliène.

La Légende de Bornéo
(il y a une légende à Bornéo qui dit que les orangs-outans savent parler mais qu’ils ne le disent pas pour ne pas avoir à travailler)

De et par : le collectif L’avantage du doute
Avec : Simon Bakhouche, Mélanie Bestel, Judith Davis, Claire Dumas, Nadir Legrand

Du 10 au 30 janvier 2012
à 19h30, dimanche à 16h (relâche les 14, 15, 16, 22, 23 et 28 jan.)

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette, Paris 11e
M° Bastille — Réservations 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

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