Critiques // Critique. « La ballade de Mrs Blondie et de son chien Billy dans New-York la nuit ». Agathe Alexis. Théâtre de l’Atalante

Critique. « La ballade de Mrs Blondie et de son chien Billy dans New-York la nuit ». Agathe Alexis. Théâtre de l’Atalante

Déc 10, 2012 | Aucun commentaire sur Critique. « La ballade de Mrs Blondie et de son chien Billy dans New-York la nuit ». Agathe Alexis. Théâtre de l’Atalante

Critique de Djalila Dechache

Cela pourrait ressembler au film oscarisé « Mrs Daisy et son chauffeur » du réalisateur Bruce Beresford. Le parallèle s’arrête au titre

Sur fond de nuit et de saxophone pour planter l’atmosphère américaine, Mrs Blondie et son chien Billy apparaissent sur le plateau du théâtre. Ils forment un vieux couple. Rien de l’un n’échappe à l’autre et inversement. C’est Billy, le berger allemand comme représentant viril qui gouverne la maison et dirige le couple. Il a un avis sur tout « Moi aussi j’ai des problèmes, l’exil », dit-il en évoquant furtivement sa lointaine Europe, « l’aliénation », en montrant son collier. A un moment donné, le chien ne veut plus sortir, il se sent las, il se sent vieux, il déteint sur sa maîtresse à moins que ce ne soit elle, qui derrière son sourire et ses fards, si irascible, montre son vrai visage derrière le sourire forcé. On attend alors le point de non – retour et il arrive lorsque cela bascule entre eux deux.

Les éléments pour passer une bonne soirée étaient réunis, une belle histoire, des auteurs magnifiques, Shakespeare, Dos Pasos, R.Wright et quelques autres pour exprimer le racisme, la peur de l’Autre quel qu’il soit sous la houlette d’un metteur en scène aguerri, Agathe Alexis qui réussit son tissage de textes. Qui plus est, dans un théâtre sympathique où l’on se sent bien, un théâtre qui aime le théâtre et qui aime ceux qui s’y rendent. Et ce n’est pas si commun !

Pourquoi alors ressentir en rentrant chez soi ce sentiment désagréable de déception ?

Quand on utilise l’anthropomorphisme, il faut que ce soit crédible, le fruit d’une recherche aboutie, d’un travail artistique le justifiant. Se mettre une truffe sur le nez, est-ce suffisant pour créer ? La comédienne en fait trop, beaucoup trop, trop démonstrative, trop fort la voix, ce qui fait perdre de l’intensité à la pièce, elle veille à montrer sans cesse ses jambes tout au long de la représentation, sans doute pour se rassurer. En tout début, Agathe Alexis introduit la pièce avec quelques figures d’acrobatie réalisées par le très athlétique Hanno Burger, apprenti-artiste de l’Ecole Fratellini, en passe d’être artiste tout court. Il est magnifique, puissant et gracieux. Corps de gymnaste tout en force et précision, corps travaillé par l’effort, le travail, le mouvement. C’est à peine si on entend son souffle, imperceptiblement. Il apparaît grimé ensuite jouant un noir qui déboule dans la maison  avec des figures de hip-hop moins convaincantes.

Gageons que la prochaine création d’Agathe Alexis retrouve subtilité et classe habituelle.

La ballade de Mrs Blondie et de son chien Billy dans New-York la nuit 
Texte et mise en scène : Agathe Alexis
Collaboration artistique : Alain Alexis Barzacq
Chorégraphie : Sophie Mayer
Scénographie et costumes : Emmanuelle Belkadi
Lumières : Stéphane Deschamps
Réalisation sonore : Jakob
Prothèse et maquillages : Claire Cohen
Régie : Anne-Bénédicte Girot.
Avec : Jaime Azulay, Emmanuelle Brunschwig, Hanno Burger, apprenti-artiste de l’Académie Fratellini
Théâtre l ‘Atalante
10 Place Charles Dullin 75018 Paris
Métro : Anvers, Abbesses, Pigalle
Réservation : 01 46 06 11 90
www.theatre-latalante.com

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