Présentation et texte d’Anne-Marie Watelet et Dominika Waszkiewicz

© DR

Du 21 au 24 juin, et du 28 juin au 1er juillet, La Cartoucherie a accueilli les jeunes comédiens de 7 écoles de théâtre professionnelles et européennes.

Une bonne moisson que le public, nombreux, a fêtée avec joie !

Chaque année, une centaine d’élèves-comédiens sortent des 11 « écoles nationales supérieures d’art dramatique », réparties en France (décentralisées). Forts de trois années de formation et de préparations préalables à leur admission dans ces écoles, ils ont présenté avec fougue leur spectacle de sortie.

Cette année, on a pu assister à 7 de ces spectacles, mis en scène par

Philippe Genty, à l’école du Nord TrØndelag University College en Norvège ; Oscar Gomez Mata, à La Manufacture à Lausanne ; Laurent Gaudet à L’Académie à Limoges, Árpád Schilling et Laurent de Montalembert à l’ENSATT

de Lyon; Thomas Jolly à l’école du TNB à Rennes; Stuard Seide à l’EPSAD de Lille; Laurent Gutman à l’ESAD au Théâtre de la Colline.

Et les jeunes apprentis techniciens lumière, formés au CFA du Spectacle vivant et de l’Audiovisuel à Bagnolet ont réalisé un efficace et beau travail.

On retient la grande diversité des sujets dans ces spectacles : les questions sur nos sociétés, les doutes et les combats de jeunes qui se jettent dans la vie; la difficulté d’être ensemble; une exploration de la dramaturgie à partir du théâtre élisabéthain; le sort des femmes en Algérie avec la belle histoire de Raïssa; un groupe de jeunes laissés sur le carreau par leur employeur. Et le rêve ne fut pas en reste grâce à la magie poétique et visuelle de marionnettes, accompagnée par la musique envoûtante de René Aubry.

Quel qu’en soit le degré de gravité, l’amour, l’humanité sont présents en filigrane, le plus souvent, ainsi que la vision d’un futur meilleur pour lequel tous les combats sont bons. On sent la foi sincère des jeunes comédiens très investis, et qui portent leur jeu avec fougue.

Dans le huis-clos de « Audition ! Compétition ! », mis en scène par Árpád Schilling, alors que le jeune personnel occupe le magasin (l’Atrium Commerce, ça ne s’invente pas !), les réactions et  divergences d’idées fusent dans des discussions aux accents justes. Rivalités, réflexions, recherches de solutions, sonnent de manière tout à fait vraie, les corps sont énergiques. Et à ces interrogations sociales les comédiens ajoutent du plaisir, lançant ça et là avec adresse et spontanéité des pointes d’humour que le public a appréciées.

Appréciée également, la scénographie, sobre et réaliste. Elle donne à voir au début, en vidéo, des portraits sonores d’une remarquable finesse et vérité.

Ces onze comédiens, comme ceux de « Nous sommes si jeunes encore dans le crime », ont réussi le pari de tenir sans faiblir les deux heures de spectacle,  mérite d’autant plus grand que des longueurs superflues ont pu lasser les spectateurs. Dans cette pièce, mise en scène par Thomas Jolly, dépaysement total. Sur fond de drame élisabéthain, où le crime paie et où le couteau et l’arbalète sont rois, s’insinue le jeu emprunté à des films « gore »contemporains. Là encore, quelle verve chez ces élèves, jouant sans coup férir en enjambant  plusieurs registres, sautant d’une époque à l’autre ! La scénographie superbe mêle l’esthétique de l’art contemporain à celle d’une toile du Greco : les corps morts pêle-mêles sur la lourde et longue table, illuminée en son centre par des éclairs rayonnants du laser. Tableau mystique dont la fièvre du meurtre est apaisée.

Finalement, ce jeune festival haut en couleurs proposé par le théâtre de l’aquarium nous permet de nous plonger avec plaisir dans un bain rafraichissant de talents prometteurs.  Belle initiative et aventure à poursuivre, indéniablement!

Festival des écoles du Théâtre Public
Du 21 juin au 1er juillet

Théâtre de l’Aquarium
La Cartoucherie
Route du champ de manoeuvre   Paris  75012
Station Château de Vincennes, bus 112 –arrêt cartoucherie
Réservation : 01 43 74 99 61
www.theatredelaquarium.com

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