Critiques // Critique • « Faim » de Knut Hamsun, lecture dirigée par Arthur Nauzyciel au Théâtre de la Madeleine

Critique • « Faim » de Knut Hamsun, lecture dirigée par Arthur Nauzyciel au Théâtre de la Madeleine

Déc 13, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « Faim » de Knut Hamsun, lecture dirigée par Arthur Nauzyciel au Théâtre de la Madeleine

Critique de Dashiell Donello

Knut Hamsun (1859-1952) publia « La Faim », son premier roman, en 1890, à son retour des États-Unis où il avait émigré. Ce livre eut une grande influence sur le roman moderne. Son œuvre lui valu l’attribution du prix Nobel en 1920. « La Faim », comme tous les bons romans, se résume en quelques mots : Un homme erre dans les rues. Avec une seule idée en tête : ne pas mourir de faim.

© Fabien Pio

Que faire du cas Hamsun ?

Depuis la seconde guerre mondiale (1939-1945), la particularité de Knut Hamsun est un problème pour la Norvège. Nobel de littérature et nazi, voilà le hic. Que faire du cas Hamsun ? Cela résume assez bien l’embarras que portent les lecteurs sur cet auteur encombrant et équivoque. Si l’homme est réprouvé, il n’en va pas de même pour son œuvre. Ses livres n’ont jamais cessé de figurer au programme des écoles et ont toujours du succès dans les librairies.

Les uns ne le connaissent pas et sont heureux de découvrir un grand auteur Norvégien, les autres se contentent de le lire et ne veulent pas savoir le reste. Mais les norvégiens ne peuvent pas faire comme s’ils ne savaient pas. Là-bas, Hamsun, c’est la figure de la honte et de la trahison. Il est de notoriété publique qu’il a rencontré Hitler chez lui en Bavière et qu’il a fait offrande de sa médaille de prix Nobel à Goebbels. Après avoir été interné, on a essayé de le faire passer pour fou, pour l’alléger de son passé sulfureux, mais le mal était fait. Il est mort en 1952, à l’âge de quatre-vingt-douze ans. Lors du 150 ème anniversaire de la naissance de Knut Hamsun, le roi de Norvège a honoré de sa présence les cérémonies destinées à entériner le pardon du pays pour ce sujet ambigu.

© Fabien Pio

La lecture publique un art difficile

La lecture de « La Faim » dirigée par Arthur Nauzyciel se veut un peu veillée, un peu théâtre, un peu récit. L’arbre de Noël pour la veillée, le rideau de fer, quelques fragments du texte appris par cœur pour le théâtre, et la lecture pour le récit. C’est sur une envie de Xavier Gallais qu’Arthur Nauzyciel a accepté de l’aider dans l’élaboration de cette lecture. Le besoin de faire entendre « La Faim » a décidé le comédien à monter seul en scène. Il ne voulait pas de numéro d’acteur et être hors de la technique. Le public, tout d’abord en pleine lumière, voit l’intensité des projecteurs diminuer, peu à peu, pour aboutir dans l’intimité d’une veillée. Xavier Gallais, au centre de la scène, commence la lecture. Au bout d’une trentaine de minutes, entre la lecture et le jeu, le roman surnage et l’engourdissement de notre concentration en souffre. La mise à nu et le lâcher-prise que souhaite le comédien n’est pas vraiment visible. Chassez le comédien, il revient au galop. Tout ce qui ne doit pas être arrive, et l’on voit la construction d’un personnage qui s’ébauche contre la volonté de l’acteur. Ce qui fait que l’on ne voit pas assez la folie de la faim, la révolte subjective contre Dieu et l’individualisme du personnage. La situation et l’action, qui viennent du jeu, sont parasites avec la lecture. On voulait laisser la parole au texte, à l’auteur, mais c’est le jeu et la technique que l’on voit. La lecture publique est un art difficile et cette « Faim » hybride, à part de rares moments, ne nous mène pas à satiété.

FAIM
D’après : Knut Hamsun
Adaptation théâtrale : Florient Azoulay et Xavier Gallais
Traductions : Régis Boyer et Georges Sautreau
Lecture : Xavier Gallais
Direction de la lecture : Arthur Nauzyciel
Collaboration artistique : Florient Azoulay
Scénographie : Giulio Lichtner
Travail chorégraphique : Damien Jalet
Son : Xavier Jacquot
Costume : Gaspard Yurkievich

Du 11 décembre 2011 au 19 février 2012
Du 11 au 26 déc. le lundi à 21h, le dimanche à 18h
Du 7 au 22 jan. le samedi à 19h, le dimanche à 18h
Du 25 jan. au 19 fév. du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 18h

Théâtre de la Madeleine
19 rue de Surène, Paris 8e
M° Madeleine — Réservations 01 42 65 07 09
www.theatremadeleine.com

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