Critique de Solveig Deschamps –

25 ans de vie commune

« 3 folles journées » ou « Le roman de la famille Almaviva » comme l’appelait aussi Pierre Augustin Caron de Beaumarchais n’a été joué qu’une seule fois à la Comédie Française, en 1800. La première époque est celle du « Barbier de Séville » dans laquelle Rosine et le comte Almaviva tombent amoureux et après moultes péripéties joyeuses et envolées s’épousent. La seconde époque est celle du « Mariage de Figaro », mêmes acteurs, la comtesse (Rosine) et le comte s’ennuient. Le comte a des maitresses « L’amour… n’est que le roman du cœur : c’est le plaisir qui en est l’histoire », la comtesse à un émoi pour le petit Chérubin, naitra un enfant, cet enfant illégitime sera le point de départ de la troisième époque  plus dramatique « La Mère coupable ».

Sophie Lecarpentier et Frédéric Cherboeuf en ont fait une très jolie adaptation ; Sophie Lecarpentier crée la Compagnie Eulalie en 1996, elle a été l’assistante à la mise en scène de Luc Bondy et Jean Pierre Vincent (lui qui, il y a bien des années à Chaillot, nous avait offert un « Mariage de Figaro » jubilatoire et un peu fou). Sophie Lecarpentier signe cette dernière mise en scène comme une continuité du « Le Jour de l’Italienne » et de « L’Épreuve » de Marivaux qu’elle a créés en 2007.

© Grange

« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur »

Un décor composé de grandes cloisons de carton brut qui se déplacent au gré des lieux où se déroulent l’action, une grande maison de poupée pour grands enfants qui vont se chamailler pour rire, on n’est pas sérieux quand on est acteur. Distance et non distance. La musique de Bertrand Belin sur les chansons écrites par Beaumarchais qui vous donne un petit air de comédie musicale (à retenir la chanson à Rosine de Lindor). Des bruits de pas, des portes qui s’ouvrent, qui se ferment, des corps dégingandés, du trop, du pas assez, le tout peu trop caricatural pour nous convaincre totalement. Personnages sortis d’une bande dessinée ou d’un film de Jacques Demy (un pas très bon) ? Les comédiens jouent à jouer, prennent des poses, s’adressent au public et ne sont pas mauvais mais c’est comme s’ils n’allaient pas jusqu’au bout de la proposition théâtrale, il manque un petit souffle de folie. On a compris le parti pris du décalage, on aurait même pu y prendre goût mais on s’ennuie un peu et un peu beaucoup parce que c’est long (presque trois heures). On comprend les ruptures entre drame et comédie mais elles ne sont pas assez nettes. Et pourtant le texte nous parvient, c’est qu’il écrivait bien Monsieur Beaumarchais. Peut-être qu’avec un zeste en moins de formel et un zeste en plus de sincérité…

3 Folles Journées
ou La Trilogie de Beaumarchais
De : Beaumarchais, d’après Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro et La Mère Coupable
Adaptation : Sophie Lecarpentier et Frédéric Cherboeuf / Cie Eulalie
Mise en scène : Sophie Lecarpentier assistée d’Anthony Thibault
Avec : Valérie Blanchon, Stéphane Brel, Eric Chantelauze, Frédéric Cherboeuf, Anne Cressent, Florent Guyot, Solveig Maupu, Julien Saada et Mathias Zakhar
Scénographie : Hélène Lecarpentier assistée d’Anne Lebas
Lumières Orazio Trotta
Musique : Bertrand Belin et Tom Menigault
Costumes : Nathalie Saulnier assistée de Solveig Maupu
Construction décor : Mathieu Dheilly et Martin Le Moal
Régie générale et plateau : Thierry Charlier
Régie lumières : Thomas Chrétien
Régie son : Tom Ménigault

Du 7 au 15 décembre 2011
Mardi et jeudi à 19h30, mercredi, vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 16h

Théâtre de la Commune
Centre Dramatique National d’Aubervilliers
2 rue Edouard Poisson, 93304 Aubervilliers cédex
Métro Aubervilliers-Pantin-Quatre Chemins
www.theatredelacommune.com

Site de la Compagnie Eulalie : www.compagnieeulalie.com

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