Critiques // Critique ・ « Parlement » de Joris Lacoste à la Maison de la Poésie

Critique ・ « Parlement » de Joris Lacoste à la Maison de la Poésie

Oct 04, 2013 | Aucun commentaire sur Critique ・ « Parlement » de Joris Lacoste à la Maison de la Poésie

ƒƒ Critique Suzanne Teïbi

Parlement - Huma Rosentalski 2

©Huma Rosentalski

Joris lacoste a co-créé l’Encyclopédie de la parole en 2007. Ce collectif, qui réunit des gens qui s’intéressent l’oralité dans son sens le plus large, récolte des enregistrements sonores de la parole, quels qu’ils soient, dès lors qu’ils leur semblent pertinents de par leur singularité. Tout peut devenir sujet de cette collecte – discours d’un homme politique, chanson, message sur un répondeur, extrait d’émission de téléréalité – quelle que soit la langue.

Les extraits récoltés sont mis en ligne, sur le site internet pensé dans le cadre de ce monumental laboratoire. Ce principe de collecte et de classification pose les bases du travail que l’Encyclopédie de la parole propose au plateau.

Riche et complexe partition

Dans Parlement, Emmanuelle Lafon redonne un souffle et un corps à certains de ces extraits, en les interprétant, comme une partition, seule au plateau.

Si cette performance menée avec brio peut simplement séduire et amuser au départ, elle produit ensuite un effet quasi hypnotique et troublant, à mesure que la comédienne passe d’une parole, d’une voix, d’une corporalité à l’autre. Le parti pris est d’admettre qu’elle n’est évidemment pas en mesure de reproduire à l’identique les extraits sonores choisis, mais de s’emparer de cette partition et de tenter de restituer le rythme, la cadence, le débit de la parole tout en s’appropriant l’interprétation. Au-delà de la musicalité de cette pièce, l’aspect dramaturgique est fondamental. En faisant se répondre des mots, des rythmes, des situations, en créant des vrais chocs parfois, Joris Lacoste crée du sens. Cela produit des bizarreries parfois, des effets comiques souvent, une grande force aussi. Le spectateur se focalise sur la voix, l’intention, le volume, le sens des mots ou pas, puisque les textes choisis peuvent aussi bien être en français, en anglais, qu’en une langue que l’on ne peut identifier, mais qui produit un effet de réception singulier à l’écoute, justement parce que le sens des mots n’est pas le principal enjeu.

Lorsque la comédienne réinterprète en boucle certains des extraits, et qu’elle accélère le dialogue entre eux, apparaît alors une dimension presque litanique, et l’on comprend que par cette construction dramaturgique, Joris Lacoste nous fait entrer dans une gigantesque entreprise, dont Parlement n’est qu’un morceau.

Au Centre Pompidou, Suite n°1, « A B C », un autre volet de l’Encyclopédie de la parole, réunira cette fois 22 interprètes. Si Emmanuelle Lafon, seule sur scène dans Parlement, doit composer avec ses limites physiques – une voix, un corps – nul doute qu’une telle expérience avec 22 interprètes cette fois, permettra de d’explorer d’autres champs des possibles.

 

 

Parlement
Composition et mise en scène: Joris Lacoste
Collaboration artistique : Frédéric Danos et Grégory Castéra
Dispositif sonore : Kerwin Rolland et Andrea Agostini
Avec: Emmanuelle Lafon

Jusqu’au 12 octobre 2013

Du mercredi 2 au samedi 5 octobre à 21h – Dimanche 5 octobre à 16h – Du jeudi 10 au samedi 12 octobre à 21H

Maison de la Poésie
Passage Molière – 157, rue Saint Martin – 75003 Paris
Métro :  Châtelet les Halles
Téléphone : 01 44 54 53 00
www.maisondelapoesieparis.com

À venir – L’encyclopédie de la parole
Suite n°1, « A B C » du 16 au 20 octobre au Centre Pompidou
www.encyclopediedelaparole.org

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