Critiques // Critique • Je pense à Yu de Carole Fréchette. Mise en scène Jean-Claude Berutti

Critique • Je pense à Yu de Carole Fréchette. Mise en scène Jean-Claude Berutti

Mai 15, 2013 | Aucun commentaire sur Critique • Je pense à Yu de Carole Fréchette. Mise en scène Jean-Claude Berutti

ƒ Critique Solveig Deschamps©Jean-Louis Fernandez 20 léger

©Jean-Louis Fernandez

« Comment parler de soi sans oublier le monde ? »

Il y a des matins où l’écriture dramatique s’impose à la lecture d’un entrefilet dans un journal. Quelques lignes qui vous projettent dans un lointain dont vous avez un vague souvenir, quelques lignes qui vous redonnent une conscience politique, qui vous mettent face à vous–même. C’est ce qui est arrivé à  l’auteure québécoise Carole Fréchette (Les sept jours de Simon Labrosse, Jean et Béatrice… ), le 23 février 2006.  Ce matin-là, le journal parlait brièvement de ce journaliste chinois Yu Dongyue, libéré après 17 ans d’emprisonnement pour avoir lancé, avec deux de ses camarades, de la peinture sur le portrait de Mao, place Tienammen. C’était en 1989 pendant les grandes manifestations contre le pouvoir. Yu Dongyue libre enfin, libre et fou.

« Je pense à Yu » est un va et vient entre L’Histoire et la petite histoire, celle de Madeleine, la cinquantaine, seule, en prise avec un appartement qu’elle n’arrive pas à habiter réellement, cartons de livres qui traînent, bibliothèque à monter. Seulement troublée dans sa solitude par la jeune chinoise Lin à qui elle donne des cours de français, ne demandant qu’à être troublée par son voisin  qui lui rend visite.

 

Entre réalisme et abstraction

Jean-Claude Berrutti (Théâtre du peuple de Bussang, Comédie de Saint Étienne et, depuis 2011, associé à la scène nationale de Martigues) signe une mise en scène intelligente, aidé en cela par la scénographie efficace de Rudy Sabounghi. Nous sommes dans l’appartement de Madeleine; elle, devant son ordinateur, coincée à jardin, écran de l’ordinateur projeté au centre de la pièce, le mur qui ouvre sur le monde, le mur qui wikipédie à la recherche d’une vérité qui ne peut être la même pour chacun des personnages liés qu’ils sont à leur propre histoire, leur propre drame. Lin l’assaille de questions sur la conjugaison. C’est quoi le futur, le futur antérieur, le conditionnel ? Lin qui ne peut, pour l’instant, que parler et écrire au présent de l’indicatif, et le voisin qui s’incruste, se rend utile et parle de son malheur (le fils malade, la femme qui s’est enfuie), sa façon de lui parler d’amour.

Malgré l’excellence des comédiens (Marianne Basler, Yiming Yang, Antoine Caubet), la soirée s’enlise un peu, victime d’une écriture qui manque parfois de légèreté et en devient anecdotique, malgré quelques beaux passages. Nous aurions eu besoin d’une envolée politique et poétique qui aurait permis à cette soirée de rester dans nos mémoires.

Je pense à Yu
De Carole Fréchette (éditions Actes Sud-Papiers)
Mise en scène 
Jean-Claude Berutti
Assistante à la mise en scène Salomé Broussky
Scénographie et costumes Rudy Sabounghi
Création vidéo Florian Berutti
Lumières Dominique Borrini
Avec Marianne Basler , Antoine Caubet , Yilin Yang

 
Jusqu’au 30 juin 2013 Mardi 20h – Mercredi, jeudi 19h – Vendredi, samedi 20h30 – Samedi, dimanche 16h – Relâche lundi
 
Théâtre Artistic Athévains
45 bis rue Richard Lenoir 75011 Paris
Métro : Voltaire
Réservation : 01 43 56 38 32
www.artistic-athevains.com

 

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