Critique de Joséphine Bécart.

La Mort de Danton : Un texte qui résonne…

C’est le cœur battant que je me rends à la MC93 pour voir La mort de Danton reprise d’un spectacle crée en 2002 à l’Odéon. Car voilà, j’y étais il y a dix ans à l’Odéon. C’était pile au moment des élections, c’était entre les 2 tours, c’était Chirac-Le Pen. Et ce soir-là à l’Odéon, le public, touché à vif par ce texte résonnant si fort en cette période électorale, applaudissait à tout rompre les grandes envolées de Danton…

2012, nouvelle période électorale, et puis l’Europe, et puis le monde, allons voir comment cela résonne….

Georg Büchner, auteur allemand de 22 ans à peine, écrit La Mort de Danton en 1835, utilisant ces faits de la révolution française pour s’indigner des régimes ineptes et conformistes qui dirigent alors l’Europe. Cette pièce politique retrace les dernières journées précédant la Mort de Danton, lorsque la Révolution devient la Terreur et que le vertueux Robespierre décide d’envoyer à la guillotinne une autre grande figure révolutionnaire modéré et épicurien, Danton.

L’équipe quasi-complète de la création à l’Odéon se retrouvent dix ans plus tard à Bobigny dans une mise en scène identique ou presque et nous rejoue sobrement le drame. Et une nouvelle fois, les mots de Büchner percutent et bousculent nos cerveaux, font échos, résonnent à nouveau en ces temps si différents, en cette crise mondiale, et s’en vont tourner pour un moment en nos têtes.

Danton, taureau se débattant face à la mort

Le pièce est en deux parties bien distinctes reprenant la chronologie des faits: deux premiers actes jusqu’à l’arrestation nous présentant successivement Danton et ses partisans, les Robespierristes et le peuple. Puis deux actes menant Danton et ses amis jusqu’à la guillotine : les discours de l’accusé Danton devant le tribunal s’entrecroisent avec les réflexions métaphysiques et esthétiques de ces hommes emprisonnés et face à leur mort prochaine. Quelques figures féminines tout de même dans ce drame politique, les épouses de Danton et de Camille Desmoulin, Marion la prostituée et quelques femmes du peuple.

Georges Lavaudant reprend à l’identique ou presque sa mise en scène : ambiance austère, tableaux successifs marqués, jeu en distance pour la plupart, univers sonore adéquat pour des moribonds et scénographie épurée.

Le metteur en scène désirait surtout un approfondissement du travail avec ses acteurs «… comme si le spectacle avait infusé dix ans dans le corps et la mémoire des comédiens.»

Certes comme les costumes des sans-culotte inspirés du monde du cirque et le drapeau bleu blanc rouge du Comité de Salut public sont nos seuls points de couleurs au milieu de tous ces discours, la première partie peut sembler un peu âpre, mais on se délectera entre autres, après l’entracte, du plaidoyer de Danton (l’absolument extraordinaire Patrick Pineau ), magnifique taureau se débattant face à la mort.

La Mort de Danton de Georg Büchner

Mise en scène Georges Lavaudant
Traduction Jean-Louis Besson et Jean Jourdheuil
Avec Gilles Arbona, Astrid Bas, Louiza Bentoumi, Fréderic Borie, Patrice Bornand, Jean-Michel Cannone, François Caron, Frédéric Constant, Camille de Sablet, Jean-François Lapalus, Roch Leibovici, Emilien Marion, Philippe Morier-Genoud, Fabien Orcier, Patrick Pineau, Julie Pouillon, Jean-Philippe Salério, Anne See et Bernard Vergne.
Dramaturgie Daniel Montoya
Décors et costumes Jean-Pierre Vergier
Réalisation costumes Brigitte Tribouilloy
Son Jean-Louis Imbert
Lumières Georges Lavaudant
Assistante à la mise en scène Fani Carenco

Du 9 Mars au 1er Avril
A 20h, 19h30 le Mardi, 15h30 le Dimanche
Relâche les Mercredi et Jeudi

MC93-Maison de la Culture de la Seine Saint-Denis
9 Boulevard Lénine
93000 Bobigny
Réservations : 01 41 60 72 72

www.mc93.com

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