Critique de Dominika Waszkiewicz

On est bien peu de chose…

Fils unique et élève modèle, Chris aurait pu être le nouveau Rimbaud. Mais non. La vie en décide autrement et la chape grise de la réalité s’insinue en douce pour faire dessiller le jeune homme. S’ensuit alors une existence empreinte de désillusions, de compromis et de bonheurs simples (il faut bien prendre ce qui se présente, finalement)… Le tout s’imbrique en une mosaïque chamarrée sur fond de spleen jonglant agilement avec l’émotion des spectateurs.

Ce texte, vivant, délié, rythmé et subtil, s’immisce en nous par l’entremise de Stéphane Hillel, seul sur scène. Un décor et une mise en scène sobres viennent offrir un écrin neutre et modeste à la justesse de jeu du comédien interprétant avec aisance tous les personnages de la fable.

Car c’est bien une fable qui nous est contée. La fable d’une vie, résumée en 1h20, de la naissance à la mort. Voilà. C’est tout. Rien de plus.

C’est l’histoire d’une vie moyenne, normale. Et l’on rit un peu jaune lorsque l’on sent la facilité avec laquelle se fait l’identification. Cela pourrait être notre vie ! Christian Giudicelli nous met face à ce quotidien tant redouté et si bien connu de tous… mais, il y ajoute une petite touche d’humour et ce recul nécessaire qui nous aide à regarder la réalité en face.

Un tour de piste époustouflant

Qu’on l’entende comme une leçon de modestie ou un appel à réaliser ses rêves sans tarder, la pièce parvient à capter les attentions et séduit par sa pertinence et sa simplicité. Petit bémol peut-être sur le choix du décor. Sobre et gris, soit. Mais, doit-il être si laid et peu pratique (le comédien se prenant les pieds dans les informes entrelacs) ?

En somme, grâce au jeu, jubilatoire et précis, de Stéphane Hillel, nous nous sentons entrainés par un ras de marée émotionnel, entre empathie et réflexion. Drôle et touchant, le spectacle ne peut nous laisser indifférent et nous repartons dans la nuit automnale avec, au cœur, un peu de baume et le souvenir d’une vie.

Tour de piste
De Christian Giudicelli
Metteur en scène: Jacques Nerson
Avec: Stéphane Hillel
Eclairagistes: Marie-Hélène Pinon assistée de Lucie Joliot
Costumiers: Claire Belloc assistée d’Antoine Milian
Du 2 octobre au 24 novembre – Du mardi au samedi à 21h
Les déchargeurs
3, rue des déchargeurs
75001 PARIS
Tél : 0892 70 12 28 (0,34euros/min)
Métro Châtelet
www.lesdechargeurs.fr

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