À l'affiche, Agenda, Critiques // Critique • « Le chant des sirènes » d’après Pascal Quignard au théâtre de l’étoile du nord

Critique • « Le chant des sirènes » d’après Pascal Quignard au théâtre de l’étoile du nord

Juil 08, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • « Le chant des sirènes » d’après Pascal Quignard au théâtre de l’étoile du nord

Critique de Dominika Waszkiewicz

©DR

Le désir de plonger dans le maelström sonore, entre polyphonie et syncopes

Pascal Quignard est un être qui tend à lier les contraires. Entre violoncelle et mutisme, il entretient un rapport tout à fait particulier à la musique qui le fascine et l’effraie à la fois. Sa Haine de la musique, ensemble de dix petits essais flirtant avec l’Histoire, la philosophie et la musicologie, relate les charmes et les dangers que provoquent toutes ces sirènes autour de nous. Ajoutons à cela une écriture tout empreinte de répétitions et d’ellipses nous entrainant à leur suite en un fascinant tourbillon de bruits et de silence et nous donnerons une petite idée de la foisonnante matière proposée ici comme point de départ au spectacle.

La pièce s’ouvre sur une scène banale, charriant une impression de déjà-vufortement en lien avec les festivités du 21 juin. Une chanteuse (Céline Milliat-Baumgartner) tente l’interprétation de Creep accompagnée d’un guitariste (Nicolas Laferrerie). Un long être blond (Olav Benestvedt) déboule alors sur scène et nous guide, empruntant les mots de Quignard, sur les sentiers harmonieux ou cacophoniques de sa conception musicale. Nous assistons à quelque chose s’approchant du cours ou de la démonstration didactique. On nous parle de mythes surtout. Et de la mer, beaucoup. Les sons sont omniprésents et les voix se mêlent aux notes et deviennent oiseaux qui rebondissent dans l’écrin de la salle noire. On nous parle, enfin, de l’opposition platonicienne entre la musique poussant à l’obéissance et celle qui porte et provoque toute l’ivresse de l’anarchie pour nous mieux séduire donc, étymologiquement, nous détourner du droit chemin…

Un brûlant appel à la liberté ou l’anarchie théâtrale

Si “La musique fait mal” comme l’affirme Quignard, c’est parce qu’elle nous anesthésie, nous endort. Résultat : nous oublions de nous interroger sur le monde qui nous entoure. Nous le subissons, doucement bercés par les envoûtantes mélopées hypnotiques. Comment transmettre toute la complexité de ce message ? En lui donnant corps et voix. Peut-être. Était-ce l’objectif de cette mise en scène ?

Les comédiens-musiciens nous proposent un jeu vrai et leur investissement scénique crée de beaux moments, indéniablement. Cependant, l’ensemble reste maladroit et l’arythmie prend trop souvent le pas sur l’eurythmie faisant de ce petit spectacle un objet étrange et bancal, trouvant assez mal sa place entre musique et théâtre. La chose est finalement plutôt agréable et accessible mais peu scénique, malgré de belles images (vagues écumantes ou voile gonflée nées d’un pan de plastique souple) et nous pouvons nous poser la question de la pertinence du travail d’adaptation.

« Le chant des sirènes » d’après Pascal Quignard
Adaptation et mise en scène : Cédric Orain
Scénographie : Pierre Nouvel
Lumières : Bertrand Couderc assisté de Germain Wasilewski
Son : Samuel Mazzotti
Avec :Olav Benestvedt, Céline Milliat-Baumgartner, Nicolas Laferrerie (musique)
Du 3 au 7 juillet 2012 – 20h45

Festival « On n’arrête pas le théâtre » du 3 au 22 juillet 2012, du mardi au dimanche

L’étoile du nord
16 rue Georgette Agutte
75018 PARIS
Tél : 01 42 26 47 47
Métro Guy Môquet ou Jules Joffrin
www.etoiledunord-theatre.com

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.