Critiques // Critique • « Hans was Heiri » Zimmermann & de Perrot au Théâtre de la Ville

Critique • « Hans was Heiri » Zimmermann & de Perrot au Théâtre de la Ville

Avr 12, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • « Hans was Heiri » Zimmermann & de Perrot au Théâtre de la Ville

Critique de Dashiell Donello

Danse avec l’espace !

Le brouhaha s’amplifie au lever du rideau. Un petit coin de boîte de nuit enfumée, une stridence de vinyle qui hoquette les Beatles ou Bagdad café et nous voilà « Jean comme Henri » au cirque-théâtre « Hans was Heiri », ce qui signifie à peu près la même chose. Nous sommes dans un jeu de quilles où la boule vient de la folie des formes. Une multitude de marionnettes ou d’extra-terrestres viennent danser au bal de la géométrie. On peut applaudir un cube de bois aux jambes de chair. Un cul de jatte ayant des bras en guise de béquilles, une femme à deux têtes et un crucifié dans un cadre mobile. Mais ce ne sont que des chrysalides avant l’envol de la fable. Telle une abeille montrant le chemin miellé, la danse chorégraphie l’espace et devient un village de cubes et de rectangles dans l’agitation des panneaux qui dévoilent une construction de mécano. Des danseurs ailés apparaissent, d’augustes machinistes construisent des chemins improbables, des funambules  cherchent le fil de leur histoire et des contorsionnistes se plient comme des chemises dans les valises du départ. Ces funambules circassiens, dans une attraction de foire du Trône, virevoltent en apesanteur. Ils sont des voltigeurs sans filet, ni trapèze. Des clowns sans nez rouge, des dresseurs de table et de tabouret. Ils dansent avec l’espace. Ils donnent à voir et à vivre un monde parallèle et enchanté où le DJ serait un merlin de cirque musical.

©Mario Del Curto/Strates/LU

Tout est éphémère ! Ce qui apparaît comme durable disparaît d’un coup de balai magique

Zimmermann & de Perrot appartiennent à la grammaire scénographique. Ils ne parlent pas la langue des mots, mais narrent leur histoire à la source d’un lieu scénique. Ce lieu est le monde de leur création où les acteurs, danseurs et circassiens  y entrent concrètement et physiquement pour en faire leur propre monde. A peine cet univers est devenu familier, qu’il faut déjà trouver la sortie, le fuir, car tout ce qui limite l’action doit sortir du cadre. Tout est éphémère ! Ce qui apparaît comme durable disparaît d’un coup de balai magique. Pas de mot certes ! Des images… et encore… et encore. On pourrait salir la poésie, si les images avaient des mots. Les mots font peur parfois. Cette peur est peut-être excessive ou pudique qui sait ? Mais on est bien dans ce monde d’images. Le brouhaha réintègre la salle, nos artistes reviennent au rideau, et nous regardent comme l’ultime récompense qu’ils ont bien mérité. Car ils sont épatants.

Hans was Heiri création

Zimmermann & de Perrot

Conception, mise en scène & décor Zimmermann & de Perrot

Composition musique Dimitri de Perrot

Chorégraphie Martin Zimmermann

Dramaturgie Sabine Geistlich

Création lumière Ursula Degen

Création son Andy Neresheimer

Construction décor Ingo Groher, Christiane Voth, Théâtre Vidy Lausanne

Costume Franziska Bom

Œil extérieur  Eugénie Rebetez

Vocal Coach Marcel Fässier

Professeur de yoga Dominique Muller

Créé avec Tarek Halaby, Dimitri Jourde, Dimitri de Perrot, Gaël Santisteva, Mélissa Von Vépy, Methinee Wongtrakoon, Martin Zimmermann

www.zimmermanndeperrot.com

Du 11 au 15 avril

Du mercredi au samedi 20h30 – dimanche 15h00

Théâtre de la Ville

2 place du Chatelet Paris 75004

Métro : Châtelet

Caisses ouvertes du mardi au samedi de 11h à 20h (lundi de 11h à 19h)

www.theatredelaville-paris.com

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