Critique Dominika Waszkiewicz

« Il s’agit ici de deux personnes qu’on a destinées l’une à l’autre, qui ne se connaissent point, et qui, en secret, ont un égal éloignement pour le mariage. »

Voilà l’intrigue résumée ! Damis (Arnaud Simon) et Lucile (Alix Bénézech) sont promis l’un à l’autre par leurs pères respectifs, Ergaste (Dimitri Radochévitch) et Orgon (Jacques Bondoux) qui entendent, ainsi, sceller leur amitié. Or, il se trouve que les deux jeunes gens sont radicalement opposés à toute idée de mariage et, surtout, que l’on ne parle pas de brider leur chère liberté!… Mais, dès le premier regard, c’est le coup de foudre. Comment s’avouer cette flamme qui vient contredire toutes leurs velléités d’indépendance ? Et, quand deux serviteurs zélés, Frontin et Lisette, viennent se mêler de brouiller les cartes, il faut bien cinq actes pour que les sentiments de déclarent.

Dans un doux et fluide badinage, les scènes s’enchainent en un écrin immaculé, blanc et constellé de quelques rochers posés çà et là, comme au hasard, et  illuminés, parfois. Un piano forte rouge et des costumes début XIXe viennent compléter le tableau, exquise représentation romantique des atermoiements sentimentaux.

Mises à part quelques maladresses vocales, les comédiens transmettent avec justesse le « langage des hommes » qui voile et dévoile le labyrinthe de l’intime. Ils évoluent au sein de cet espace clos et lumineux, entrent et sortent, parlent. Le spectateur assiste ainsi à un grand jeu de cache-cache et de quiproquos qui l’amuse, le divertit, voire le charme.

Alix Bénézech est convaincante dans le rôle de l’ingénue fleur bleue qui aimerait assumer ses principes mais qui se perd vite dans une indépétrable confusion. La sœur, Phénice (Isabelle Mentré) apporte, quant à elle, une petite et savoureuse touche d’ironie lorsqu’elle découvre l’absurdité de la situation.

Entre idéalisme individualiste et préciosité rhétorique, nous retrouvons, le temps d’une soirée et grâce à la discrétion des choix scéniques, les mots de Marivaux dans toute leur intemporelle légèreté.

Les Serments Indiscrets
de Marivaux
Mise en scène Anne-Marie Lazarini
Assistant Bruno Andrieux
Avec Alix Bénézech, Jacques Bondoux, Cédric Colas, Frédérique Lazarini, Isabelle Mentré, Dimitri Radochévitch, Arnaud Simon
Décor et Lumières François Cabanat
Costumes Dominique Bourde
reprise du 3 au 29 avril 2012
mardi 20h ; mercredi et jeudi 19h ; vendredi et samedi 20h30 ; samedi et dimanche 16h ;
relâche lundi
Théâtre des Athévains
45 bis rue Richard Lenoir
75011 Paris
Station: Voltaire

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