Critiques // Critique . « Marsiho». André Suarès. Philippe Caubère. À la Maison de la Poésie

Critique . « Marsiho». André Suarès. Philippe Caubère. À la Maison de la Poésie

Nov 26, 2012 | Aucun commentaire sur Critique . « Marsiho». André Suarès. Philippe Caubère. À la Maison de la Poésie

ƒ Critique de Solveig Deschamps

©DR

André Suarès (1868-1948) natif de Marseille fait partie de ses écrivains – poètes oubliés (Le Voyage du condottière où il décrit son voyage en Italie est sans doute son ouvrage le plus connu), pourtant il a collaboré à La Nouvelle Revue Française auprès de Gide, Claudel, Valéry, il a également reçu le grand prix de la Société des Gens de Lettres en 1935.

Marseille ou Marsiho (en provençal) soit on l’aime, soit on la déteste. « Marsiho » est édité pour la première fois en 1931. Un livre sur et pour Marseille, Marseille comme une femme à aimer, à détester. Une écriture atypique, pleine d’envolée lyrique, d’une poésie à l’accent qui chante mais aussi accrochée à des mots qui collent à la réalité de cette ville, comme si les personnages de Pagnol trouvaient toute leur vérité.

« … Si tu peux rester sur le balcon de Notre-Dame de la Garde, quand souffle le mistral et que l’équinoxe joue à la balle avec les bateaux sur la mer, tu fais, sans quitter le roc, la traversée de la tempête la plus sèche qui  soit au monde… ». A.S

On ne présente plus Philippe Caubère, natif lui aussi de Marseille, débutant au Théâtre du Soleil, comédien, metteur en scène : « La danse du diable » puis d’autres, plein d’autres, en 2011 « Urgent crier ! » à la Maison de la Poésie. Le plus souvent seul sur le plateau, un passionné.

«  Se vaincre soi-même, ne vaincre que soi » A.S

Plateau nu, mis à part un part un fauteuil en paille et bois blanc, il arrive tout de blanc vêtu, costume élégant, soleil du sud qui éblouit. Il nous adresse simplement le texte, parfois quelques esquisses de personnages, à l’appui une très belle bande son, bruits de la ville, du mistral (moment jouissif Caubère en prise avec sa veste qu’il secoue pour signifier le vent, Caubère s’accrochant aux murs du théâtre), parfois de la musique (Debussy, Wagner, Schubert) comme pour sourire du texte fleuve et méditerranéen qui nous ait livré. Très belle lumière qui se systématise un peu. Tout est là pour que nous passions un bon moment en rêvant d’une bouillabaisse sur le port…

Il arrive parfois qu’un acteur se sente très seul sur un plateau, qu’il n’ait qu’une envie, celle de disparaître, mais il lui faut continuer coûte que coûte, quitte à ce que quelqu’un vous souffle le texte lorsque vous lui demandez. J’ai  ressenti la solitude qui vous étreignait parfois, vous sembliez comme empêché. Peut- être malade ou ailleurs… très curieusement je me disais que votre absence mettait en évidence votre puissance d’acteur.

Faut pas que Marseille devienne maudite… Je vous fais confiance. Peut-être quelques coupes seraient nécessaires, deux heures c’est long. Mais de quoi je me mêle !

Marsiho
Texte d’André Suarès
Adaptation, mise en scène et jeu : Philippe Caubère
Lumière et direction technique : Philippe Olivier dit “Luigi”
Bande son : Jean-Christophe Scottis et Aurélie Valle
Aménagement scénique : Sophie Comtet-Kouyaté et Philippe Plancoulaine
Marsiho est paru en 1931, puis aux éditions Jeanne Laffitte en 2009. Il vient d’être réédité en 2012

Jusqu’au 13 janvier 2013
Du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 16h et les mardis 4, 11 et 18 décembre et 8 janvier à 20h
La Maison de la Poésie
Passage Molière
157, rue Saint Martin
75003 Paris
Métro : Rambuteau – Châtelet les halles
Réservation : 01 44 54 53 00
http://www.maisondelapoesieparis.com/

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