Critique Dashiell Donello

Ecrite par Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien «L’Affaire» nous parle d’une actualité encore brûlante  des pulsions sexuelles et de la mise en examen de l’ex patron du FMI. Un certain Dominique.

La fiction dépasse-t-elle vraiment la réalité ?

© François Bouchon

Depuis que l’homme est au monde, il est en conflit permanent avec lui-même. Le fait divers est né de cette rivalité. Le théâtre pour transcender la vie a toujours puisé dans l’Histoire politique, publique et religieuse. Il se joue de la fiction et de la réalité pour réfléchir l’universel aveuglement de l’homme face au miroir aux alouettes.
De Shakespeare en passant par Tchekhov, Genet, Koltès et plus près de nous Michel Vinaver ou Jean-Marie Besset ; le fait divers et l’actualité ont été souvent à la source de nombreuses pièces de théâtre, non pas pour expliquer ou juger les délits et les faits, mais pour dépasser la rubrique des tares humaines et lui donner un sens par une imagination parallèle qui serait plus forte que la vie. Mais la vie se révèle bien plus ingénieuse que la fiction et si l’on opère en fabricateur, plutôt qu’en artiste, on se met sous le joug des préjugés qui ne sont que vains commérages. D’ailleurs cela fait le beurre et l’argent du beurre des revues à sensations.
Non seulement la fiction ne dépasse pas la réalité, car le réalisme convenu la refoule dans un mauvais vaudeville pour bobos, mais en plus elle est en-dehors de cette réalité. En effet, à quoi bon écrire cash, une histoire que l’on nous ressasse depuis plus d’un an sans lui donner une âme, une dimension créative qui subjuguerait l’a priori ? Par exemple quand Genet écrit Les bonnes, il crée le tragique de la condition domestique de toutes les classes maîtres et valets. Pas seulement une énième version subjective d’un fantasme refoulé.
Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien n’ont pas trouvé la ligne qui sépare le journalisme de l’auteur de théâtre, ni du héros pathétique de celui qu’ils appellent le héros tragique. Ils ont engendré une espèce de chronique vaudevillesque bien fade. On ne fouille pas les poubelles médiatiques impunément. Car il faudrait remuer des tonnes de détritus pour trouver l’or d’une pièce de Genet ou de Tchekhov dans cette « Affaire » qui n’est que leur propre fascination comme ils disent. Malgré tout on n’oubliera pas de saluer l’excellente distribution qui ne peut, comme la plus belle fille du monde, ne donner que ce qu’elle a.

L’AFFAIRE
De Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien
Mise en jeu Philippe Adrien

Avec
Pierre Alain Chapuis – Agnès Château – Anne Coutureau – Regis Lang – Denis Leger-Milhau – Andrew Isar – Mila Savic

Assistante à la mise en scène : Clémence Laboureau
Musique : Stéphanie Gibert
Création et régie vidéo : Michaël Bennoun

Du 14 juin au 17 juin à 20h30 – Dimanche 16h30
Dans le cadre du festival Théâtre à Vif
Théâtre de la tempête, cartoucherie
Route du Champ-de-Manœuvre 75012 Paris
Station Château de Vincennes, bus 112 –arrêt cartoucherie
Réservation : 01 43 28 36 36

www.la-tempete.fr

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