Critiques // Critique ・ « Symphonie M », Akaji Maro, Maison de la culture du Japon

Critique ・ « Symphonie M », Akaji Maro, Maison de la culture du Japon

Nov 24, 2013 | Aucun commentaire sur Critique ・ « Symphonie M », Akaji Maro, Maison de la culture du Japon

ƒƒƒ critique Denis Sanglard 

Deuxième création de la compagnie Dairakudakan, le grand vaisseau du chameau, à la Maison de la culture du Japon, Symphonie M est un solo halluciné du grand Maro Akatji, fondateur de ladite compagnie. Maro Akatji… c’est un poème surréaliste, un acteur expressionniste, un danseur fantôme. Être androgyne, onagata sous speed, sa danse est la danse d’un kami aux avatars infinis. Inspiré du livre des morts tibétains, cette création le voit mourir et renaître. Vieillard agonisant et tremblant, petite fille sadique, cadavre hurlant promis aux enfers, prennent possession de Maro Akatji. Sa danse est une danse en lambeaux, faites d’oripeaux du passé, de souvenirs épars qui surgissent d’une mémoire archaïque et d’un présent voué à la mort.

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Dans le silence troué parfois par la cinquième de Mahler, comme une réminiscence obsédante et têtue, le corps de Maro Akatji se déploie, se dilate, se contracte, se recroqueville. Maro Akatji danse avec sa peau, avec ses os. Le moindre frémissement fait vibrer le plateau. Le silence prend ainsi tout son sens qui offre des nuances ténues de variations infinies et fragiles. Mais ce qui est important se joue à l’intérieur de ce corps… Ce qui fait danser Maro Akatji, et c’est le propre du butô, nait de l’intérieur. C’est une danse d’écorché où l’invisible devient visible, une danse tout en nerfs, organique. Où chaque organe porte la mémoire d’une vie et de celles qui la précédèrent. En ce sens c’est une danse de possédé.  Maro Akatji laisse venir à lui ces fantômes.

Mais il y a une chose qui distingue sans doute ce danseur excentrique c’est l’humour, l’autodérision, dont il ne se départit jamais. Il y a chez lui une distance qui fait de sa danse un événement singulier. Maro Akatji est comme un enfant, et il le dit lui-même, qui attend qu’on le sorte du plateau. La théâtralité de sa danse, le grotesque apparent,  vient sans doute de là. Maro Akatji est un acteur qui joue à danser. C’est une fiction, comme la mort sur le plateau est aussi une fiction. Mais ce qu’il est sur le plateau est de l’ordre de l’émerveillement. Nous sommes bluffés, médusés, par ce danseur qui danse avec tant de justesse, de vérité et d’humour sa vie c’est-à-dire la nôtre.

Symphonie M
Chorégraphie, direction artistique : Akaji Maro
Musique : Gustave Mahler
Scénographie : Yasuhiko Abeta
Assistée de  Antoine letellier, Ukan Abeta
Costumes : Kyoko Domoto
Assistée de Mika Tominaga
Direction technique : Kazuhiko NakaharaLumière  Noriyuki Mori
Danseurs : Akaji Maro, Takuya Muramatsu, Ikko Tamura, Atsuchi Matsuda, Tomoshi Shioya, Barrabas Okuyama, Daiichiro Yuyama, Kohei Wakaba, Matsuri Hashimoto, Naoya Oda, Yuta Kobayashi
Danseuses : Emiko Agatsuma, Akiko Takakuwa, Naomi Muku, Azusa Fujimoto

Jusqu’au samedi 23 nov et du mer­credi 27 au samedi 30 nov à 20h

Maison de la culture du Japon
101 bis quai Branly 75015 Paris
Métro : Bir-Hakeim
Réservations 01 44 37 95 95

www.mcjp.fr

 

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