ƒƒƒ critique Djalila Dechache
Pour évoquer ce spectacle, il n’est pas nécessaire de prendre appui sur le texte parce que c’est un texte majeur de Patrice Chéreau et qu’il faut l’acquérir de toute façon.Il est question de lui, de lui intérieurement, monologuant, dialoguant avec ses fantômes. Des fantômes connus, présents, disparus, inconnus, inventés ou rêvés.Dans cette salle du théâtre, peinte d’un gris mat, couleur qui sied aux souvenirs, Philippe Calvario arrive le livre à la main et trouve place au milieu de chaises usées, dépareillées, réparties dans l’espace vide.Il se fait parole de Patrice Chéreau qui fut le grand invité du Louvre en 2010, donnant lieu à un livre portant le même titre mais aussi des expositions, théâtre, danse, lecture, musique et cinéma après d’autres invités tels que Robert Badinter, Toni Morisson….
Le visage de Philippe Calvario prend les émotions ressenties et peut-être vécues avec celui qui compta beaucoup dans sa vie. Il reste sans cesse au bord du précipice, ne bascule pas, la main tremble parfois et on aura compris. Il se donne, transpire, passe d’un registre à l’autre, du bureau au fauteuil, gagne l’allée du théâtre, ouvre les fenêtres, on entend le bruit de la ville au dehors, il transpire, cherche. C’est une exploration émotionnelle dans l’enfance, le présent, les rues de Paris, les pays, ses rencontres de théâtre, de cinéma et plus, ses amours inconsolés, les visages qu’il a vus en peinture et dans la vie, les corps peints, réels, fantasmés, qu’il a filmés d’abord dans sa tête avant la pellicule ou le plateau.
Se pose la question infernale qu’il s’est posé longtemps : c’est quoi un metteur en scène ? Vaste question comme le monde.
Cela pourrait s’apparenter à c’est quoi la vie ?
Et les amis, les parents partis, trop vite, trop loin, trop tôt par maladie, accident ou fin de vie. Il faut pourtant être là, les accompagner tout à fait. Les regarder comme si c’était la première fois.Nous sommes touchés, bouleversés, presque accablés d’entendre les paroles de Patrice Chéreau qui se trouvait « très moche » très tôt dans sa vie.Nous ressentons tout par le corps, la voix, la présence juste et toute en finesse de Philippe Calvario qui ne s’économise pas, il dit : « Les visages et les corps m’aident à raconter l’homme que je suis aujourd’hui entièrement et sans détour ».
Les visages et les corps
De Patrice Chéreau
Par Philippe Calvario
Jusqu’au 15 novembre 2013
Lumières Bertrand Couderc
Musique Mitja Vrhovnik SmrekarJusqu’au 15 novembre 2013
Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris
Métro : Franklin Roosevelt
Réservations 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr