Critiques // Critique • « Le mardi où Morty est mort » de Rasmus Lindberg, mise en scène de François Rancillac

Critique • « Le mardi où Morty est mort » de Rasmus Lindberg, mise en scène de François Rancillac

Mar 29, 2014 | Aucun commentaire sur Critique • « Le mardi où Morty est mort » de Rasmus Lindberg, mise en scène de François Rancillac

ƒƒƒ critique de Denis Sanglard

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© Jean Louis Fernandez

Une vie de chien !

Sale Mardi pour Morty ! Papy vient de casser sa pipe et sa veuve, Edith, se découvre un cancer foudroyant, sa petite-fille Amanda s’en fout qui vient de tomber amoureuse d’Herbert,  larguant illico son fiancé Sonny dont le père pasteur est en pleine crise existentielle, prêt à se défroquer, et qui conséquemment se contrefout de son fils qui décide de régler son compte à Herbert lequel n’est tombé sur Amanda que par le plus grand des hasards, cherchant son chien Morty qui, lassé des atermoiements de son maître, qui dit oui, qui dit non, s’est fait la malle, se réfugiant dans le cimetière où Edith médite, avant d’être dézingué, victime collatérale de Sonny, ne laissant plus le choix à Edith que de se jeter du pont et s’envoyer, littéralement, en l’air. Tout ça un mardi, jour de l’enterrement de Papy.

Pauvre humanité ! Où chacun cherche ce qu’il n’a pas, ce qu’il n’a plus. Où la médiocrité de vies étriquées peut tout à coup exploser en plein vol. Les cœurs grippés de nouveau s’emballer. Les destins bifurquer. L’avenir s’ouvrir. Ou pas. Il suffit d’un hasard. Il suffit d’un chien fugueur pour que paf ! Tout pète, tout craque. Et que s’envole Edith… L’univers givré de Rasmus Lindberg, jeune auteur suédois, est totalement désespérant, désespéré et follement drôle. C’est carrément absurde et pourtant tellement vrai.

Voilà une création des plus vigoureuse et revigorante. Humour noir corsé, pièce grinçante et frappée au coin du non-sens, jouée le plus sérieusement du monde par cinq acteurs déchaînés mais parfaitement tenus par une mise en scène de François Rancillac aussi rigoureuse qu’inventive, un véritable festival de trouvailles ingénieuses et drôlement pertinentes. Ce qui aurait pu donner lieu à un festival de gags fastoches, une hystérie dans le jeu, est une merveille de mécanique horlogère. Ca va vite, très vite, c’est enlevé, pas de temps mort. On rit beaucoup. Nous sommes au Guignol. Impression renforcée par la scénographie originale de Steen Halbro, élément indispensable de cette mise en scène aussi cintrée que subtile. François Rancillac crée avec malice un univers complètement loufoque qui se termine, au réel, en apothéose. Qui a dit que le paradis n’était pas pour les chiens ?

Le mardi où Morty est mort
De Rasmus Lindberg
Traduit du suédois par Marianne Ségol et Karine Serres (Ed. Espace 34)
Mise en scène de François Rancillac
Avec Julien Bonnet, Maxime Dubreuil, Thomas Gornet, Laëtitia Le Mesle, Valérie Vivier, comédiens associée au Fracas-CDN de Montluçon
Scénographie et costumes  Steen Halbro
Lumières  Rosemonde Arrambourg
Son Michel Maurer
Effets Vidéo Antoine Lecointe
 
Théâtre de l’Aquarium
La Cartoucherie
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
 
Du 25 mars au 13 avril 2014
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h
 
Réservations 01 43 74 99 61

www.theatredelaquarium.com

 

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