ƒ critique Denis Sanglard

 © Gianfranco Fortuna – Giuseppe Distefano – Yara Bonanni

Ils sont 16 sur le plateau. Jeunes danseurs d’une énergie incandescente qui embrasent le plateau dans la fureur et le désespoir, l’urgence absolue. Fragments de vie, fragments intimes, fragments universels, c’est du pareil au même. Une humanité qui perd pied, qui hurle, trépigne, baise, cogne, blesse… Les corps vrillent et s’apaisent bientôt, toujours intranquilles. Une humanité écorchée qui lèche ses blessures en se mettant en danger, là, sur le plateau. La violence prévaut, le sadisme domine… Entre danse, théâtre et performance, ils lâchent tout sur scène. Jusqu’à épuisement, le leur comme le nôtre.

La première image est sans doute la plus forte. Ces corps quasi-nus allongés, qui cherchent leur respiration, annoncent d’emblée la couleur. Ces mômes, ces adolescents qui n’en sont plus vraiment, sont à la recherche d’un souffle vital. Ils courent, traversent le plateau au galop pour fuir les fantômes d’une vie devenue pâle imitation.  Trouver du sens, devenir adulte, en fouillant dans leur blessure, leur mémoire devenue béante. Mourir à soi-même pour naître aux autres. Réussir cette alchimie complexe et boiteuse où l’individu rejoint le collectif, délicat équilibre entre son identité propre et les obsessions d’une société consumériste qui vous broie.

On peut reprocher beaucoup de choses à ce spectacle faussement provocateur _on a vu pire_, fait d’emprunts multiples à d’autres chorégraphes. Y compris dans leurs obsessions. Cela peut brouiller notre perception tiraillée entre le souvenir, un certain déjà-vu, et l’action présente du plateau. Appelons cela hommage. On sait également que l’art, c’est aussi du recyclage.

Ajoutons aussi le contexte désastreux, politique et sociétal, italien et sans doute avons-nous quelques clefs pour comprendre la singularité de Ricci/Forte. Mais on ne peut leur reprocher le manque de sincérité, de vérité. Un engagement total. Ce qu’ils demandent à leurs interprètes, un certain dépassement de soi et une impudeur totale, fait sans doute tout le prix de leur création. On reste désarmé, séduit même, devant cet engagement absolu. Même si, au bout du compte, ce qui nous est donné à voir reste un peu vain…

 
Imitation of death
Un spectacle de Ricci/Forte
Mise en scène : Stefano RicciChorégraphie : Marco Angelilli
Direction technique : Davide Confetto
Assistantes à la mise en scène : Ramona Genna, Liliana Laera, Claudia Salvatore
Avec : Marco Angelilli, Cinzia Brugnola, Michela Bruni, Chiara Casali, Ramona Genna, Désirée Giorgetti, Fabio Gomiero, Blanche Konrad, Liliana Laera, Piersten Leirom, Mattia Mele, Silvia Pietta, Claudia Salvatore, Giuseppe Sartori, Francesco Scolleta, Simon Waldvogel  
MC93 Bobigny
Salle Oleg Efremov
9, boulevard Lénine
93000 Bobigny  
Du 14 novembre au 1^er décembre à 20h30
A 19h30 le mardi, à 15h30 le dimanche
Relâche les 18, 21, 25 et 28 novembre  
Réservations 01 41 60 72 72

www.mc93.com

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