ƒƒƒ Critique Denis Sanglard

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Le collectif Teatro Praga était l’invité du Théâtre de la Ville à l’occasion des chantiers d’Europe consacrée cette année à la création portugaise. Ce collectif explosif qui récemment était à la MC93 pour une Tempête de ou d’après Shakespeare et Purcell propose ici deux performances  tout aussi radicales.

« Eurovision » interroge l’Europe, son histoire et son identité.

Le concours éponyme sert de point de départ et cristallise cette question de l’identité. Mais cette compétition de mauvais goût peut elle résumer l’histoire européenne ? Cette question en ouvre bien d’autres que Pedro Penim et André e.Téodosio, nos deux performers, soulèvent avec beaucoup d’ironie et de mauvaise foi. C’est hilarant et surtout implacable. Les concepts philosophiques s’enchaînent et se contredisent. Pas sûr d’avoir tout compris mais au final ce qui ressort de cette démonstration magistrale c’est la contradiction d’une Europe qui prône certes l’union mais demeure dans la compétition et l’incompréhension. L’Europe n’est qu’un patchwork de culture, de langue. Difficile en ce cas d’obtenir la moindre cohérence. Le Teatro Praga dynamite et pulvérise nos prétentions européennes, historiques et contemporaines, dans une féroce et joyeuse démonstration qui manie les concepts philosophiques et artistiques pour mieux les imploser. L’Europe ressemble enfin à ce concours de l’Eurovision: un vaste cimetière…

« Discotheater » reprend cette idée de la compétition

Et transforme le théâtre en une vaste arène où les performers -il faudrait les citer  tous tant leur engagement va loin – deviennent des compétiteurs hors pairs. Chacun de briller dans sa spécialité autoproclamée, de plus en plus absurde, pour avoir le titre de Maître de…et obtenir un maximum de breloques qu’ils arborent fièrement au long de cette démonstration qui s’emballe bientôt et transforme le théâtre en un vaste foutoir où règne très vite le n‘importe quoi dans un chaos parfaitement maîtrisé. Il s’agit de compétitions qui amènent les individus à se dépasser, à être de plus en plus performants jusqu’aux défis les plus absurdes. Cela ressemble à ces jeux de téléréalité poussés à leur extrême. De la scène de « suicide la plus longue au théâtre » au « concours de seins mouillés et agités »,  «  du maître de la violence » (un philosophe !) au « Plagiat » c’est un humour trash qui ne va pas sans autodérision où la performance elle même dans son outrance est dénoncée.  La performance s’emballe donc et se nourrit de cet emballement. Le théâtre semble se faire sous nos yeux et les codes de la représentation explosent en permanence. Theatro Praga pointe du doigt la mise en scène actuelle de l’individu, coincé entre une compétition féroce et une médiatisation outrancière. Et bousculant notre perception fait de chaque spectateur un voyeur potentiel et complaisant.

Eurovision
Conception: Pedro Penim, André e. Teodosio, Martin Pedroso
Avec: Pedro Penim, André e. Teodosio
Vendredi 7 juin et Dimanche 9 juin 2013
 
Discotheater
Création et interprétation: André e. Teodosio, Claudia Jardim, Diego Bento, Patricia Da Silva, Pedro Penim, Francisco Belard, Joana Barrios
Lumières: Daniel d’Assumpçao Worm
Photo: Angelo Fernandes, José Luis Neves
 
Samedi 8 juin 2013
Chantiers d’Europe
Lisbonne-Paris
Juin 2013, 4^ème édition
 
Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet 75004 Paris
Métro : Châtelet
Réservation : 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com

 

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