Critiques // Critique • Atem le souffle de Joseph Nadj au Centquatre

Critique • Atem le souffle de Joseph Nadj au Centquatre

Avr 06, 2013 | Aucun commentaire sur Critique • Atem le souffle de Joseph Nadj au Centquatre

ƒƒ Critique Denis Sanglard

© DR3155075_6_f980_josef-nadj-et-anne-sophie-lancelin-dans_39e1450c479f0c20ab31974c99e0da1c

La dernière création de Joseph Nadj, Atem le souffle, est une méditation calme. Un rêve autour de la gravure Melancolia de Dürer. Joseph Nadj lui adjoint Saint Jérôme dans sa cellule et Le chevalier, le diable et la mort. Gravures énigmatiques, trilogie qui donne à cette création son univers étrange. Reprenant divers éléments qui la composent, Joseph Nadj décline des figures poétiques tout aussi mystérieuses. Des rébus qui n’apportent aucune réponse mais ouvrent sur un monde imaginaire. Évoluant dans une petite boite noire éclairée à la bougie qui donne à l’ensemble une irréalité tremblante et suspendue au moindre souffle,  Joseph Nadj crée avec le public une relation immédiate, une intimité précautionneuse. Nous sommes ainsi attentifs aux moindres petits détails de cette danse, au plus près des corps qui, devant nous, se métamorphosent, disparaissent, surgissent comme par enchantement. On retrouve ainsi la patte de Joseph Nadj dans ce théâtre d’objets, de portes qui s’ouvrent magiquement, de murs qui dérobent les corps. Mais c’est une création bien moins profuse que de coutume. Austère même. Proximité oblige sans doute.

Mais surtout la présence incroyable d’Anne-Sophie Lancelin permet un tel dépouillement. Danseuse habitée jusqu’au bout des doigts, son corps se ploie aux métamorphoses les plus étranges. Une présence rare et magnétique, belle à s’en damner, elle est tout un univers à elle seule. Dans ce lieu volontairement étroit, son corps est un espace d’infinies anamorphoses.

Avec Joseph Nadj, ils forment un duo étrange et prégnant, liés par quelque secret, qui traverse l’univers de Dürer et de Paul Celan (à qui le titre de cette création est emprunté) avec délicatesse et intelligence, les yeux écarquillés, et dont il déploie tous les possibles, toutes les énigmes, sans jamais rien expliciter mais en laissant à chacun le soin de rêver. Une création hypnotique.

Atem le souffle
Chorégraphie de Joseph Nadj et Anne-Sophie Lancelin
Interprètes : Joseph Nadj, Anne-Sophie Lancelin
Musique originale : Alain Mahé assisté de Pascal Seixas
Musiciens : Alain Mahé ou Pascal Seixas
Costumes : Alexandra Pesic
Accessoires : Lazlo Dobo
Régie générale : Alexandre de Monte
Construction du décor : Clément Dirat et Julien Fleureau

Jusqu’au 28 avril
À 18h30 et 21h30

Le CENTQUATRE
104 rue d’Aubervilliers / 5 rue Curial
75019 Paris
Tél: 01 53 35 50 00
www.104.fr

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.