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Critique • “Enfermés” Deux pièces courtes de Israël Horovitz Sucre d’orge – Beirut Rocks au Théâtre de la Reine blanche

Juin 18, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • “Enfermés” Deux pièces courtes de Israël Horovitz Sucre d’orge – Beirut Rocks au Théâtre de la Reine blanche

Critique de Jean-Christophe Carius

Deux huis clos, à quarante ans de distance


« Enfermés » est le titre original d’un spectacle de la Troupe en Bois et qui compose en les enchaînant, deux pièces en un acte d’Israël Horovitz: “Sucre d’orge” et “Beirut Rocks”.

« Sucre d’orge » (1967) dépeint, dans le contexte du monde étudiant du Cambridge des années 50/60, l’étonnante rencontre amoureuse d’un jeune homme et d’une jeune femme qui se rencontrent suite à un événement malheureux. Wallace Zuckerman a renversé et tué accidentellement le petit copain de Joanna. Cette tragi-comédie noire, dévoile les tourments des jeunes gens dans la transition qui les mène vers l’âge adulte. La mort surgit et bouleverse la vie des personnages, les obligeant à approfondir leurs convictions pour pouvoir prendre en main leurs destins.

« Beirut Rocks » (2007) rapporte la rencontre explosive entre quatre étudiants qui se retrouvent fortuitement dans une chambre d’hôtel de Beyrout en 2006, dans l’attente d’une évacuation d’urgence, alors que les bombardements du conflit israélo-libanais font rage. Ces jeunes gens, filles et garçons d’origines différentes, ayant tous intégrés les prestigieuses grandes écoles américaines, vont s’affronter violemment dans une altercation fulgurante et dramatique. Dans un mouvement irraisonné, ils émulent les termes du chaos destructeur qui les environne et révèlent qu’ils n’ont jamais vraiment évalué les convictions dont ils ont hérité.

Une mise en abyme des affres de la jeunesse

Créée à la fin de l’année 2011, la Troupe en Bois est une compagnie si récente qu’elle semble quelque peu née de la dernière pluie. Ce spectacle est l’un de ses premiers actes fondateurs. Il articule les deux pièces courtes d’Israël Horovitz, et tire ainsi, par la peinture des tourments existentiels et des problématiques socio-culturelles de jeunes gens, le portrait croisé de deux époques relativement éloignées. Ce choix original a fait écho à celui d’une autre jeune compagnie, Ethikos, qui présente au même moment à New-York, “Israël Horovitz One-Acts”, les deux mêmes pièces conjuguées et accompagnées cette fois de la nouvelle création d’Horovitz: “The Bump”. L’auteur américain, très lié à la France, semble avoir suivi les deux projets et a offert à la Troupe en Bois un baptême du feu de première catégorie en assistant à Paris à la première d’ “Enfermés”.

La mise en scène démontre, plus qu’elle ne représente, les affres de la jeunesse et les difficultés à se défaire du conditionnement de son éducation pour libérer sa sensibilité. Abordant l’art théâtral dans une tonalité très événementielle, presque festive, le jeu d’acteur s’oriente vers une recherche de dynamisme et de mouvements phrasés qui, par sa vivacité, écrase considérablement les nuances et saute souvent l’étape silencieuse des émotions. Comme souvent dans l’expression de la jeunesse, le rythme et l’entrain s’imposent naturellement, mais ces attributs s’expriment aussi comme des façons débordantes et joyeuses d’évacuer la difficulté à faire face aux sentiments inconnus et aux vérités profondes qui font le lit de la maturité. Un premier spectacle qui sonne donc comme l’exposition, parfois explosive, de la mise au monde théâtrale d’une volonté dont il n’est pas encore aisé de définir les caractéristiques particulières qui constitueront sa personnalité. Un élan d’enthousiasme conjoint et bien organisé qui présage pour cette troupe d’autres ivresses scéniques, ivresses qui forgeront sa gueule de bois et développeront ainsi peut-être sa propre esthétique de la vérité.

Enfermés – Deux pièces courtes d’Israël Horovitz par la Troupe en Bois

Sucre d’orge

d’Israël Horovitz
Mise en scène : Romain Trevisan
Avec Clément Marchand et Ariane Raynaud

Beirut Rocks
d’Israël Horovitz
Mise en scène : Ariane Raynaud
assistée de Ugo Schimizzi
Avec Thalassa Albertin, Jérémie Marti, Romain Trevisan et Claudia Valencia

Le 13 juin

Théâtre de la Reine blanche
2 bis passage ruelle 75018 Paris
M° La Chapelle ou M° Marx Dormoy
Réservations:  01 40 05 06 96
http://reineblanche.com

Du 6 au 27 juillet, tous les vendredis à 21h.

Théâtre Darius Milhaud
80 Allée Darius Milhaud  75019 Paris
M° Porte de Pantin
Réservations : 01 42 01 92 26
http://www.theatredariusmilhaud.fr

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