Critiques // Critique • «Faire Danser les Alligators sur la Flûte de Pan » au théâtre de l’Epée de bois

Critique • «Faire Danser les Alligators sur la Flûte de Pan » au théâtre de l’Epée de bois

Mar 14, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • «Faire Danser les Alligators sur la Flûte de Pan » au théâtre de l’Epée de bois

Critique de Dashiell Donello

Docteur Destouches & Mister Céline

Le théâtre n’est pas un tribunal et c’est heureux ! Emile Brami a évité le piège qui dénoncerait l’écrivain de génie et l’antisémite notoire. Dans son montage de textes issus à 90% de la correspondance de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), il a su trouver par la perspective épistolaire le « Voyage au bout de la nuit » d’un homme qui a bousculé la littérature Française.

« Faire Danser les Alligators sur la Flûte de Pan » nous parle de Céline et du rapport qu’il entretenait avec l’écriture. La subtile mise en scène d’Ivan Morane a imaginé l’intériorité du Docteur Destouches quelques heures avant sa mort. Sans occulter l’innommable, ni célébrer le personnage. Aujourd’hui encore, il y a toujours débat sur la place à accorder à son œuvre. La seule certitude que l’on peut avoir, c’est que le pavé de 5O5 pages de « Voyage », lancé dans la marre des belles-lettres, fait toujours de l’écume sur le ressac des philologues.

Alors, entrons dans l’intimité de ce médecin qui parfois soignait gratis. 1961. Céline écrit une lettre, la dernière, à son éditeur. Il est dans son bureau à Meudon. Des pas résonnent dans le silence d’une écoute publique, pour nous avertir de nous méfier de l’a priori manichéen. C’est la mort qui entre en scène, sa mort.

« La vie c’est ça, un bout de lumière qui finit dans la nuit. Et puis, peut-être qu’on ne saurait jamais, qu’on trouverait rien. C’est ça la mort. » L.F.C

Denis Lavant est un grand comédien, on le savait. Sans imiter, sans se farder, il est Céline par le corps, le geste et l’inflexion parlée. Il donne à Destouches par le souffle chanté, par la posture figée,  l’image transposée d’une croix gammée, d’un virtuose, et autre pagayeur. Céline tordait les mots semblablement à un bâton dans l’eau. Il se voulait pareil au peintre Monet directement dans le sujet. Il lui fallait un opéra sans musique, pour voir la vie d’une façon brutale, crue.

Prix Renaudot en 1932. Son écriture vient du langage parlé et de l’argot. Céline faisait parler ses livres, sans littérature, par l’émotion. Le théâtre, aujourd’hui, fait parler ses écrits, transcendés par le jeu. Il voulait du style simple, sobre, classique. Ainsi est le talent de Denis Lavant dans ce spectacle lumineux.

Faire Danser les Alligators sur la Flûte de Pan

D’ Emile BRAMI à partir des correspondances de Louis Ferdinand Céline

Avec Denis LAVANT

Mise en scène : Ivan MORANE

Lumières : Nicolas Simonin

Décor et costumes : Emilie Jouve

Du mardi 13 mars 2012 au dimanche 15 avril 2012

Théâtre de l’Épée de Bois

Cartoucherie – Route du champ de manœuvres, Paris 75012

Réservations : 01 48 08 39 74

www.epeedebois.com

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