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Critique • « Le mariage de Figaro » de Beaumarchais au théâtre Ephémère de la Comédie Française

Mar 25, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • « Le mariage de Figaro » de Beaumarchais au théâtre Ephémère de la Comédie Française

Critique Dashiell Donello

Le mariage de Figaro : la plus badine des intrigues

Dès le début de la pièce, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) nous révèle l’intrigue qui se joue le jour du mariage de Figaro concierge au château d’Aguas Frescas, près de Séville, chez le comte Almaviva. Tandis que le futur marié mesure la chambre nuptiale, sa fiancée Suzanne, camériste de la Comtesse, lui apprend que le Comte, tout en ayant officiellement aboli le « droit du seigneur », veut faire d’elle sa maîtresse.

C’est, la plus badine des intrigues : faire échouer dans son dessein un maître absolu, nous dit l’auteur dans sa préface. A partir de cette fâcheuse contrariété cette comédie va nous mener d’intrigue en intrigue et nous faire sauter tous les obstacles, imbroglio et autres surprises de ces noces joyeuses. Outre, le droit de cuissage qui revient sur le tapis de luxure d’un Almaviva toujours en recherche de nouvelle pulsion, on apprend que Figaro est lié par une dette à une promesse de mariage qu’il avait faite, par calcul, à Marceline ; elle-même poursuivie de l’ennuyeuse passion que lui voue Bazile.  Mais ce n’est pas tout. Car Marceline veut en épouser un autre « … le beau, le gai l’aimable Figaro ». Et pour ne pas être en reste, Chérubin annonce à Suzanne que le Comte l’a renvoyé du château et qu’il voudrait bien que la comtesse fasse annuler cette décision arbitraire et plus si affinité. Si le ton du « Mariage » est résolument gai, il ne faut pas pour autant oublier la profondeur de cette œuvre qui par les thèmes abordés ici, en fait certainement la pièce la plus novatrice du 18ème siècle.


La gaité d’une folle journée

Christophe Rauck met en scène et souligne la gaité de « la folle journée », à travers la modernité visionnaire de Beaumarchais. Et traite sur le fond la condition féminine qui est nettement posée. Ainsi que le rapport maîtres et valets qui donne à voir le futur d’un changement.  Almaviva constate les changements  de la préexcellence du maître au profit du héros populaire (Figaro) qui dans son avancé sociale, et par l’intelligence de ses actions, contre la débauche aristocratique, gagne son procès contre l’abus de pouvoir et met en place le commencement d’une justice sociale.

Sur la forme, Christophe Rauck coupe avec le réalisme pour privilégier le comique de situation et nous faire complice de ce que ne savent pas les personnages. La scénographie intelligente d’Aurélie Thomas s’accorde bien avec les objectifs de la mise en scène. En un trompe-l’œil, nous voilà au château ; zeste ! En deux pas nous voilà à la porte, sur un fauteuil ; crac en trois sauts nous voilà dans une chambre ou une dépendance. Tout cela est orchestré selon les scènes et les actes par des panneaux peints qui figurent soit des meubles, des portes ou des fresques représentants des conquistadors à la façon Diégo Rivera. Même la salle des marronniers est naturalisée en une forêt de cerfs aux bois majestueux, durant l’acte 5.

Les comédiens,  sur une partition joueuse, donnent à leur personnage les variations intrigantes d’une interprétation juste et amusée sur des notes succulentes qui nous comblent de joie. Anne Kessler est une Suzanne pétillante, son instrument  est un stradivarius vernis de talent. Laurent Stocker lentement, mais sûrement, trouve son Figaro. Elsa Lepoivre a l’aura émotionnelle qui nous atteint à bout touchant. Martine Chevalier est une opale changeante qui rayonne. Stéphane Varupenne trouve la sincérité luxurieuse et autoritaire du Comte sans caricaturer, ni épargner sa morgue. Benjamin Jungers est-il tombé dans un bain de jouvence pour être étonnamment crédible en Chérubin ? Enfin toute la troupe est au diapason d’une pièce merveilleusement représentée.

Le mariage de Figaro

De Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Mise en scène Christophe Rauck
Collaboration artistique : Martial Jacques
Scénographie : Aurélie Thomas
Costumes : Marion Legrand
Lumières : Olivier Oudiou
Musique originale : Arthur Besson
Travail gestuel : Claire Richard
Avec Martine Chevallier, Anne Kessler, Bruno Raffaelli, Christian Blanc, Pierre Louis-Calixte ou Jérôme Pouly, Laurent Stocker, Elsa Lepoivre, Benjamin Jungers, Stéphane Varupenne, Elliot Jenicot,
Et Romain Dutheil, Guillaume Mika, Emilie Prevosteau, Julien Romelard

Du 23 mars au 6 mai 2012

Comédie Française – Théâtre Ephémère
Place Colette  75001 Paris
Métro : Palais royal musée du Louvre ou pyramides
Réservation : 0825 10 1680

www.comediefrancaise.fr

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