À l'affiche, Critiques // Constellations, de Nick Payne, mise en scène de Arnaud Anckaert, au Théâtre de L’Aquarium

Constellations, de Nick Payne, mise en scène de Arnaud Anckaert, au Théâtre de L’Aquarium

Fév 16, 2018 | Commentaires fermés sur Constellations, de Nick Payne, mise en scène de Arnaud Anckaert, au Théâtre de L’Aquarium

© Bruno Dewaele

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

 

Variation sur un même thème. C’est un magnifique petit bijou théâtral qu’il nous est donné de découvrir. Constellations de Nick Payne où l’auteur appliquant l’hypothèse des « multivers » de la physique quantique, selon laquelle une infinité de possibles coexiste à chaque moment de notre vie, aborde la vie, la mort et l’amour d’un couple comme un jeu de variations soumis aux aléas fragiles de l’existence, au hasard des circonstances. Marianne, physicienne, et Roland, apiculteur, s’aiment, se sont aimés, s’aimeront sans doute ou pas du tout. Elle le trompera ou il la trompera. Se sépareront, se retrouveront peut-être ou se quitteront définitivement. Marianne sera malade, incurable, et bientôt mourra. Marianne sera malade et guérira. Début d’une histoire ou fin de l’histoire. Il était une fois, il était deux fois, il était trois fois… Les situations s’enchaînent et se répètent soudain, s’enroulent sur elles-mêmes, reviennent souvent un peu plus tard, mais quelques infimes changements, un mot, une intonation, un geste bouleverse la perception que nous en avions et modifie le destin de ce couple. Le temps est diffracté, les situations basculent, bifurquent, l’histoire de Marianne et de Roland prend une autre direction, inattendue, surprenante. Et nous spectateurs sommes de suite déstabilisés avant d’être très vite embarqués, fascinés, dans cette vie, ces vies possibles, cette histoire sans fin, ces histoires emboitées comme gigogne ou le si magique des enfants, du théâtre et des  hypothèses mathématiques rend possible et sensible ces trajectoires aux réponses aléatoires. Ce n’est pas un exercice de style, c’est beaucoup mieux, c’est bien plus grand, c’est bien plus beau. C’est du théâtre dans ce qu’il peut offrir de meilleur. A la fois par son procédé mené avec subtilité, intelligence, offrant une formidable ouverture vers l’imaginaire, et son propos terriblement, tragiquement humain, la vie-l’amour-la mort, qui du simple particulier atteint très vite l’universel. Et surtout par la grâce de deux comédiens d’une extrême sensibilité. Jamais démonstratifs, dans le savoir-faire, mais au contraire tout en retenus dans cette partition ardue où chacun déploie des trésors de nuances, de couleurs, délicates ou sombres, lumineuses ou violentes. On rit, on s’émeut, on espère, on perd espoir. Ils sont fascinants, épatants de vérité ces deux-là, dans cette carte du tendre contemporaine explorée en tous sens, en tous états émotionnels et par des chemins de traverses. La mise en scène d’Arnaud Anckaert, sobre et claire, leur fait une confiance absolue et s’appuie avec bonheur sur ces deux comédiens, leur intelligence, en parfaite osmose, dans cet espace vide, ce lieu de passage étrange, singulier et formidable caisse de résonnance pour leurs sentiments ainsi exacerbés. Affirmer que cette création est une réussite est loin d’être une hypothèse.

 

Constellations de Nick Payne

Traduction  Séverine Magois

Mise en scène  Arnaud Anckaert

Avec Noémie  Gantier et Maxence Vandevelde

Scénographie  Arnaud Anckaert, en collaboration avec Olivier Floury
Lumière  Martin Hennart
Musique  Benjamin Collier
Costumes  Alexandra Charles
Assistanat à la mise en scène  Anna Dewaele
Régie générale  Olivier Floury
Construction  Alain herman
Traductrice et répétitrice en langue des signes  Agathe L’huillier

Du 30 janvier au 18 février 2018
Du mardi au samedi à 20h
Le dimanche à 16h

Théâtre de l’Aquarium
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris

Réservations 01 43 74 99 61

www.theatredelaquarium.com

Tournée : 6 avril 2018 au théâtre Jacques Carat-Cachan

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