Critique d’Evariste Lago –

« … toutou pour ma chérie, ma chérie… »

Chienne, est une comédie musicale loufoque et frivole. Perle, caniche royal femelle, attachée au pied d’un arbre citadin à l’entrée d’une épicerie d’un quartier bourgeois, attend son maître. Le temps passe et Perle s’inquiète de ne pas voir son maître revenir. Elle a beau passer sa vie en revue, elle ne comprend pas ce qui justifierait un abandon. Cette chienne modèle, primée au concours canin Frolic et au championnat d’élégance de Chamonix, est parfaite : elle est la chérie de son propriétaire. L’inquiétude jouant son rôle la belle Perle va peu à peu se dévoiler et révéler sa vraie nature. Finalement, Perle à beau se cacher derrière son masque de perfection, elle est comme l’humain, faillible, parfois laide et se sentant mal aimé. Passant de professeur décortiquant le matériau fécal ou l’étymologie du mot caniche à la bourgeoise coincée, Perle nous ramène à l’humain.

Isabelle Ferron, artiste complète, s’attache à mener une carrière mêlant le chant, le cinéma et le théâtre. Ici, elle interprète cette chienne avec enthousiasme et brio. Elle enchaine les moments de grâce, d’émotion, les bons mots, et les chansons, à la Linda Lemay, comme les canidés, les os. Sa large tessiture lui permet de brocarder les chanteuses à la mode aux effets de voix sans effet, celles qui « se rêvent en Gospel alors qu’elles viennent de Sarcelles ».

Deux musiciens, talentueux et un peu cabot, Jérôme Lifszyc et Thomas Suire, s’amusent à suivre et à accompagner Perle.

Alexandre Bonstein, auteur de cette délirante comédie musicale, n’en est pas à son coup d’essai. Il est notamment l’auteur de Créatures, nommé à quatre reprises aux Molières 2004/2005. La mise en scène de Chienne est sobre et efficace avec des allusions à Chaplin et au concert de « divas » de la chanson (les amateurs des bustiers de Madonna et Mylène Farmer les reconnaîtront).

Le tableau de fin en ombre chinoise, évoquant la fin des films de Charlot, finit de nous rappeler que burlesque ne signifie pas forcément sans fond.

Chienne
De et mise en scène : Alexandre Bonstein
Assistante à la mise en scène : Karine Letellier
Avec : Isabelle Ferron, Jérôme Lifszyc et Thomas Suire
Lumières et scénographie : Philippe Quillet
Costumes : Michel Dussarat
Son : Claudie Martin
Orchestrations : Jérôme Lifszyc et Thomas Suire
Accessoires : Thomas Suire

Du 5 novembre 2010 au 5 février 2011

Vingtième Théâtre
7 rue des Plâtrières, 75020 Paris
www.vingtiemetheatre.com

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