ƒƒ article de Camille Hazard
Cet ouvrage, publié en octobre dernier, accompagne la programmation de trois spectacles du metteur en scène Roméo Castellucci, à l’occasion du Festival d’Automne qui lui rend hommage cette année.
Jean-Louis Perrier, « spectateur assidu » comme le nomme Castellucci et critique pour plusieurs revues (Le Monde, le magasine Mouvement et la revue Alternatives théâtrales) revient sur ces années Castellucci ; son enfance, son travail, ses recherches et ses créations. Ce livre regroupe essentiellement des articles et interviews parus dans les magasines depuis 1998 et s’attache à suivre une chronologie.
Pour ceux qui ne connaissent pas le travail de la Socìetas Raffaello Sanzio sur le bout des doigts, ces pages sont une mine d’or ; autant d’indices, de petits cailloux blancs qui éclaireront le chemin du spectateur face à un artiste qui aspire à mettre en scène l’irreprésentable.
« Notre travail n’est pas consolateur. Il n’est ni pour les intellectuels, ni contre eux. Il se fonde sur les éléments du théâtre pour être émotionnel avant d’être culturel » Roméo Castellucci
Si Jean-Louis Perrier ne s’attarde pas sur l’enfance de Roméo et sa sœur Claudia, on perçoit tout de même l’environnement fécond qui sera source de créativité, tout petits, témoins du passage d’un théâtre ambulant dans leur village ; Claudia aura d’ailleurs là son premier sentiment : « des gens qui sortent de l’ombre, la vie reproduite, représentée ». Dans leurs jeux, ils créent des illustrations de livres en « tableaux vivants » parfois en y intégrant des animaux de la basse-cour et la vie paysanne qu’ils côtoient.
Cette part d’enfance, les Castellucci ne cesseront jamais de lui rendre hommage à travers leur théâtre pour enfants.
En 2001, le Festival Romaeuropa leur donne carte blanche pour s’emparer artistiquement de l’ancienne prison San Michele pour enfants, à Rome. Entre expositions, installations et poèmes, les Castellucci rendent hommage aux enfants « perdus » et entassés dans ces geôles.
En 2002 commence l’épopée de Tragedia Endogonidia ; création de onze spectacles bâtis sur une réflexion de la tragédie, dans dix cités européennes. Le temps, les conditions climatiques et les traditions de la langues sont les trois éléments qui influencent les spectacles pour chaque ville qui les accueille. Pour Castellucci ce projet monumental, créé en deux ans, va lui permettre de tirer une croix sur le théâtre de répertoire.
« Créer l’onde émotionnelle qui va frapper le corps du spectateur » Roméo Castellucci
Pour chaque spectacle, Jean-Louis Perrier cherche à s’engouffrer dans les veines du travail de la compagnie, à disséquer chaque ligne, chaque construction dramaturgique pour percer la pensée castelluccienne.
Un chapitre est consacré au son qui, selon les créations, est vu par Castellucci sous l’angle de la sculpture, de la peinture, du concept, d’une dynamique ou d’un personnage.
L’auteur s’attache à employer un vocable intelligible. Une connexion avec le travail de l’artiste a lieu. Connexion bouillonnante, passionnante qui nous laisse pantois, au bord d’un précipice mental sans limite, tant la quête artistique de Castellucci est grande.
Ces années Castellucci
De Jean-Louis Perrier
Édition Les Solitaires Intempestifs
Collection Du désavantage du Vent
203 pages – 15,50 €
www.solitairesintempestifs.com
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