ƒƒ article de Denis Sanglard

© Thi Debadier

Le monde était trop étroit pour Zelda Fitzgerald. New-York-Paris, c’est tout petit. Si petit que sur le plateau du théâtre, Zelda déborde de partout. Zelda, épouse et muse de Scott Fitzgerald. Plus que muse, libre, scandaleuse, en avance sur son temps, alcoolique, schizophrène, internée, brûlée vive. Terrible ironie du destin pour celle qui consuma sa vie. Celle qui au final voulut être elle-même, danseuse pourquoi pas, et jusqu’à l’épuisement, ne plus exister sous le regard exclusif et possessif de Scott, lui qui pillait son journal et sa vie pour nourrir ses romans. Elle était partout Zelda et finalement nulle part. Christian Siméon n’a pas écrit un Biopic. C’est bien mieux que ça. C’est un portrait de femme libre, libre jusqu’à la contradiction et la tragédie. Claude Perron carbonise les planches dans ce portrait halluciné et terriblement drôle. C’est un sacré feu follet qui crépite et enflamme le public. Dans sa robe de sylphide, héroïne d’un romantisme dévoyé, c’est un étrange ballet qu’elle gigote entre deux ou trois clopes qu’elle n’allumera pas. Sous des lumières de quinquets, le visage blafard, les yeux cernés, Claude Perron est une héroïne romantique complétement décalée. Franche, lucide, perdue. Bientôt sous le masque de la garçonne quelque chose sourd qui annonce le drame à venir. Claude Perron est une tragédienne déjantée, l’avatar de la folie de Zelda, et au-delà de toutes les folies, de celles qui affranchissent et vous brisent. Michel Fau la serre au plus près, sa mise en scène ne lâche jamais Claude Perron. En roue libre certes mais parfaitement maîtrisée. C’est une mise en scène alerte, pas de temps mort, efficace parce que directe, allant droit à l’essentiel. Claude Perron trouve ainsi un cadre à sa démesure et à celle de Zelda dont on se fiche au final de qui elle pouvait être réellement. Zelda ce pourrait être toutes les femmes affranchies refusant le joug des conventions, toutes les femmes brûlées par leur audace. Jusqu’à la perte. C’est avant tout un portrait de femme flamboyante et pathétique et en filigrane le portrait d’une actrice qui vous crame par sa présence et l’insolence de son talent.

 
Brûlez-la !
Texte Christian Siméon
Mise en scène Michel Fau
Assistant mise en scène Jean-Philippe Marie
Décor et peinture Emmanuel Charles
Costumes David Belugou
Lumières Joël Fabing
Maquillage Pascal Fau
Construction décor Atelier Jipanco
Avec Claude Perron, Bertrand Schol
Du 25 mai au 19 juin 2016, 18h30
Relâche les lundis et le 29 mai

Théâtre du Rond-Point
2bis av. Franklin Roosevelt – 75008 Paris
Réservations 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr

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