Critiques // « Brita Baumann » (Les Cadouins #2), la Compagnie Teknaï au Théâtre 13

« Brita Baumann » (Les Cadouins #2), la Compagnie Teknaï au Théâtre 13

Mar 03, 2011 | Aucun commentaire sur « Brita Baumann » (Les Cadouins #2), la Compagnie Teknaï au Théâtre 13

Critique d’Evariste Lago

Recette bretonne aigre-doux

Une famille formidable …

Juillet 2005. Brita Baumann, jeune correspondante allemande, débarque en Bretagne dans une famille modeste, aux allures ordinaires, les Cadouin. Élevée au lait Ribot et à la madeleine fraiche, la famille Cadouin resplendit de bonheur et anime bals, mariages et autres attroupements de foules en délires. Roland, le père, rêve de gloire. Laurence et Virginie, ses filles, dégagent une nonchalance liée à leur âge. Violaine, nouvelle femme de Roland, ne digère pas très bien sa nouvelle vie et Jean-Jacques, frère de son ex-femme, divorce.

© Quentin Defalt

Mais pourquoi Brita ne parle-t-elle pas ? Parce que Roland oblige toute la famille à participer au groupe musical à coup de bâton ? Parce que Laurence et Virginie ont quelques problèmes relationnels et sexuels ? Ou bien parce que Violaine connait quelques problèmes gastriques ? Ou, peut-être, tout simplement parce que Brita aime s’isoler dans les forêts, écrire de longues lettres à son frère tant aimé et se complaire dans la mélancolie et la bile noire.

En tout cas, silencieuse, Brita va assister à l’implosion de cette famille Cadouin où la liberté et l’épanouissement personnel sont absents.

… cynique à souhait

Si les personnages sont privés de liberté et d’épanouissement personnel, les comédiens, eux, n’en manquent pas. Déjà remarqués, pour certains, dans « Monsieur Martinez » (les Cadouin #1) Juliette Coulon, Valentine Erlich, Olivier Faliez, Charlotte Laemmel, Emmanuel Marquis et Gaëtan Peau expriment tout leur talent d’artiste et nous entrainent, avec la plus grande facilité, vers leur monde de vulgarité.

© Quentin Defalt

On pénètre dans le quotidien gras et poussiéreux des Cadouin par la cuisine et les scènes de bals populaires. Oui, les Cadouin sont modestes, « popu », cyniques et vulgaires. Mais tellement humains. Gare aux bien-pensants qui trouveront, sans doute, la pièce manichéenne. Cette écriture est dérangeante mais vraie, ne nous voilons pas la face. La scénographie de Quentin Defalt accentue la vulgarité et le décalage par la mise en place de panneaux et d’accessoires sur toiles imprimées. Rien de superflu. Seuls les personnages et leur horreur demeurent. Le choix du maquillage des clowns noirs tient le même rôle de focale sur la noirceur des personnages. Ces masques funéraires, présents dans tous les spectacles de la compagnie Teknaï, impulsent du surréalisme à leurs pièces et donnent un fil rouge : la solitude et l’angoisse de la mort. La mise en scène, l’expression des personnages et les textes (« Brita Baumann » et « Monsieur Martinez ») naviguent dans un univers particulier à rapprocher des Deschiens, légèrement décalé mais suffisamment proche, permettant ainsi l’empathie. De même que dans le premier volet « Monsieur Martinez, » présenté au Rond Point, le rire est présent. Qu’il est difficile d’accepter de rire de la détresse des autres, mais encore une fois, le rire est humain et salvateur.

Brita Baumann (les Cadouin #2)
De : Gaëtan Peau et Quentin Defalt
Mise en scène :  Quentin Defalt, assisté de Damir Zisko
Scénographie : Natacha Le Guen de Kerneizon, assistée de Germaine Péronne
Lumière : Manuel Desfeux
Costumes : Agathe Laemmel
Maquillage : Valentine Erlich
Régie compagnie : Julien Barrillet
Conseiller musique classique : Thibaut Larger,
Enregistrement voix : Arno Mesguich, traduction des lettres Sophie Brafman
Avec : Juliette Coulon, Valentine Erlich, Olivier Faliez, Charlotte Laemmel, Emmanuel Marquis et Gaëtan Peau

Du 1er mars au 10 avril 2011

Théâtre 13
103 A boulevard Auguste Blanqui, 75 013 Paris – Réservations 01 45 88 62 22
www.theatre13.com

www.teknai.blogspot.com

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