Critiques // « Brasserie » de Koffi Kwahulé à l’Épée de Bois / Un Automne à Tisser

« Brasserie » de Koffi Kwahulé à l’Épée de Bois / Un Automne à Tisser

Sep 27, 2010 | Aucun commentaire sur « Brasserie » de Koffi Kwahulé à l’Épée de Bois / Un Automne à Tisser

Critique d’Audren Destin

La 4ème édition du festival Un automne à tisser a lieu du 10 septembre au 31 octobre 2010 au Théâtre de l’Epée de Bois. Sous le parrainage de Jean-Claude Penchenat, treize compagnies sont réunies autour d’un projet artistique. Une thématique s’en dégage, celle de la guerre et de l’amour comme un appel. Pour favoriser « le brassage des sensibilités », autour des compagnies d’Ile de France, sont invitées des compagnies d’autres régions ainsi qu’une compagnie d’Europe de l’Est.

C’est dans ce cadre que la troupe du Théâtre du Jour qui mène depuis 2004 une politique d’action culturelle en Europe Centrale par le biais d’actions culturelles francophones,  présente Brasserie de Koffi Kwahulé, un écrivain né en 1956 à Abengourou (Côte d’Ivoire). Il a écrit une vingtaine de pièces et est l’un des auteurs dramatiques africain les plus joués dans le monde. Son écriture est caractérisée par une dynamique de parole abrupte, qui peut être violente et que l’on compare souvent au jazz (dans sa structure comme dans sa sonorité). Brasserie est une pièce sur les horreurs de la guerre et les dérives de ses lendemains.

« Nous leur avons coupé les oreilles à la machette, coupé le nez à la machette, coupé la langue à la machette ; nous leur avons écrasé les yeux dans leurs orbites à coups de crosse, nous avons arraché leur sexe pour l’enfoncer dans leur bouche… »

On l’aura compris, Brasserie est une pièce sombre. Les vainqueurs d’une guerre qui a duré plusieurs années, deux clowns sanguinaires, ont réussi à prendre la brasserie qui a résisté au massacre. En vendant de la bière, ils espèrent ainsi, au nom de la démocratie bien entendu, amasser un maximum de pognon et filer à Las Vegas. Avec ironie et dérision, Koffi Kwahulé explore les rouages du néo-colonialisme, la corruption, les fausses promesses des politiques, le détournement de l’argent public et tout ce genre de saloperies.

Les quatre rôles de la pièce sont interprétés par quatre jeunes acteurs talentueux et prometteurs qui portent le texte de Koffi Kwahulé en toute simplicité et parviennent à nous restituer avec maîtrise et justesse la violence et la dérision qui sont au cœur de ce texte. Le décor est simple, minimal, trois tabourets et une table, il n’en faut pas plus. Cependant, malgré leur talent, le tout reste quelque peu linéaire, il manque des sursauts, des ruptures et l’on finit par perdre le fil, par être un peu abruti par le flot de paroles.

Un bon démarrage donc pour cette jeune troupe mais on attend donc de voir la suite avec peut être une mise en scène plus élaborée !

Brasserie
De : Koffi Kwahulé
Direction : Yazid Lakhouache
Par : la troupe du Théâtre du Jour
Avec : Judit Barkan, Sandor Csorba, Viktor Rozsi, Péter Trembeczki

Les 25 et 26 septembre 2010
Dans le cadre du festival
Un Automne à Tisser

Théâtre de l’Epée de Bois
Cartoucherie, Route du Champs de Manœuvre, 75 012 Paris – Réservations 01 48 08 39 74
www.epeedebois.com

www.letheatredujour.com

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