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« Boy oh boy 2 : God’s first Créature », Connor Schumacher – « Erotic Danse », Luke George – «Realia », Farid Fairuz

Mai 29, 2015 | Commentaires fermés sur « Boy oh boy 2 : God’s first Créature », Connor Schumacher – « Erotic Danse », Luke George – «Realia », Farid Fairuz

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

 

Soirées singulières, trois solos, trois performances aussi radicalement différentes les unes des autres que complémentaires. Trois éclats bruts, reflets d’une interrogation fébrile sur l’identité masculine, le masculin dans tous ses états, une mise à nu au sens propre et au sens figuré. C’est une mise à plat de la fabrique du masculin, une redéfinition du genre qui à travers la performance pose des questions sans y vouloir répondre, célèbre le mystère des origines, explore la sexualité et par elle le trouble du corps exposé, s’invente une biographie, autofiction aux multiples identités comme autant de vérités possibles d’une personnalité unique et multiple.

© Studio Rios Zertuche

Soirées singulières, trois solos, trois performances aussi radicalement différentes les unes des autres que complémentaires. Trois éclats bruts, reflets d’une interrogation fébrile sur l’identité masculine, le masculin dans tous ses états, une mise à nu au sens propre et au sens figuré. C’est une mise à plat de la fabrique du masculin, une redéfinition du genre qui à travers la performance pose des questions sans y vouloir répondre, célèbre le mystère des origines, explore la sexualité et par elle le trouble du corps exposé, s’invente une biographie, autofiction aux multiples identités comme autant de vérités possibles d’une personnalité unique et multiple.

Boy oh Boy 2 : God’s first créature

Titre énigmatique pour un solo de Connor Schumacher magnifiquement étrange, empreint de mystère et de sacré. Une performance troublante qui voit le corps sculpté par l’ombre et la lumière, entre chien et loup, se diffracter, se recomposer, se métamorphoser. Le corps nu, fragmenté par le stroboscope, se dissout, s’efface, renaît. De métamorphoses en métamorphoses, il est l’ange et le diable, il est la femme et l’homme tout à la fois, être androgyne des origines, il est l’animal. Il est le néant d’où surgissent des figures inquiétantes qui effacent, annihilent toute trace d’humanité pour retrouver une figure originelle et mythique. Connor Schumacher ainsi se dépouille de la forme attendue, brouille les figures attendues, se dépossède de soi jusqu’au vertige pour atteindre un état plastique, hybride, friable, propre à toute métamorphose. C’est une plongée abyssale dans l’inconscient qui redéfinit en les pulvérisant les frontières poreuses du genre et qui rend à l’homme sa part la plus enfouie, la plus secrète, inavouée.

Création, interprétation Connor Schumacher
Dramaturgie Maaike Schuurmans
Textes God’s first creature, which was light de Francis Bacon
Développement du concept Luis Alonzo Rios Zertuche
Création son Connor Schumacher

 

 

Erotic Danse

«Erotic Danse». Plus frontal et direct, cru et violemment éclairé, Luke George explore les sens et la sexualité dans ce qu’elle peut avoir d’impulsif et de sensuel, de direct aussi. Nu, il caresse chaque pouce de sa peau. Pousse son corps par la répétition du mouvement jusqu’à la transe. Attentif au souffle et à l’énergie, qu’il fait circuler là aussi jusqu’à saturation. Libre de ses impulsions qui semblent le guider. Mais toute danse érotique demande un regard à qui adressé. L’interaction avec le public est nécessaire et c’est cela aussi que cette performance explore. Elle s’interroge sur elle-même, sur sa capacité à créer le lien avec celui qui regarde. La danse érotique n’est que la métaphore de la performance, des liens qui se font ou se défont avec le public. Comme la danse orientale et les go-go dancers dont il s’inspire pour la capacité à happer, capter un public par le regard, à maitriser le temps et l’espace. Luke George, volontairement provocateur, pousse à fond les curseurs, les lignes qui définissent le lien ténu entre le plateau et la salle, et de ce fait nous propulse littéralement sur le plateau. Son regard nous traque, ne nous lâche jamais même lorsque son corps nu explore frontalement, crûment sa sensualité exacerbée. L’érotisme est ainsi déplacé, replacé même à sa juste place, non dans la danse ou la nudité mais dans le rapport, le regard sur cette performance, qui nous unit. Pour le coup c’est nous qui nous retrouvons à poil ou tout comme…

Chorégraphie, interprétation Luke George
Création son Nick Roux
Dramaturgie Nicola Gunn
Création costumes Justin Kelly
Création Lumières Benjamin Cisterne

 

Realia (Bucuresti-Beirut)

C’est une autofiction ou Mihai Mihalcea se raconte, se réinvente. Il n’est pas vraiment seul sur le plateau puisque son double inventé, Farid Fairuz, est là qui intervient. C’est une performance quelque peu déstabilisante par son côté foutraque ou l’on ne sait jamais vraiment où est la part d’improvisation avec ses aléas (ici des baffles qui ne marchent pas) de ce qui semble être véritablement écrit. Mihai Mihalcea va et vient sur le plateau, installe son matériel, se raconte, raconte son enfance, sa culture, son métier… Improvise, commente sa performance. Et s’invente un double, un autre. Avec moustaches et perruque il devient l’encombrant et quelque peu théâtral (c’est Mihai Mihalcea qui le dit) Farid Fairuz, libanais. Qui lui aussi se raconte. Il n’existe pas et pourtant sa biographie existe. Biographie fictionnelle. Question de choisir une autre vie, une autre culture, une autre identité. Et si je n’avais pas été moi qui aurais-je été ? se demande Mihai Mihalcea. Sommes-nous réellement ce que nous sommes ? C’est sur le mode facétieux mais de façon très subtile que Mihai Mihalcea interroge la notion d’identité, entre fiction et réalité. Comment au final nous sommes multiples, poreux, et que de ce kaléidoscope nous jouons. L’identité au final n’est qu’une autofiction, celle-là même que nous construisons sciemment, n’ignorant pas notre mensonge.

Direction artistique, interprétation Farid Fairuz
Textes, costumes, scénographie Farid Fairuz

 

 

Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint Denis

Du 26 au 28 mai à 19h30

Le Colombier
20, rue Marie Anne Colombier – 93170 Bagnolet
Réservations : 01 55 82 08 01
www.rencontreschoregraphiques.com

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