À l'affiche, Critiques // Ad Noctum, Christian Rizzo, Centre Georges Pompidou

Ad Noctum, Christian Rizzo, Centre Georges Pompidou

Fév 19, 2016 | Commentaires fermés sur Ad Noctum, Christian Rizzo, Centre Georges Pompidou

ƒƒ article de Denis sanglard

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© Marc Coudrais

Pas de deux. Chassé croisé amoureux et pas chassé. Christian Rizzo chorégrahie une carte du tendre entre chien et loup, cette obscurité propice au rapport amoureux. Une danse métissée, une danse de couple, danse de salon revisitée où les mains se cherchent, les corps se frôlent, s’effleurent du bout des doigts, s’effondrent parfois, s’affrontent et se défient, se fuient, avant de se fondre l’un dans l’autre. Une danse joyeuse, amoureuse.  Toute de légèreté. Pleine d’élégance et d’insolence. Les mouvements naissent et meurent dans la nuit, obscurité qui tombe soudain et hache cette partition mais n’arrête jamais le mouvement qui continue obstinément, absorbé par le noir. Ad Noctum est un hommage à la nuit, propice aux métamorphoses, aux émotions exacerbées, aux complicités amoureuses. Julie Guibert et Kerem Gelebek, formidables de complicité, sont deux oiseaux nocturnes en parade amoureuse veillés par un totem grondant, gardien de cette échappée chorégraphique. Christian Rizzo fait dialoguer comme à son habitude les arts plastiques et la danse. Alors cette colonne, ce phare étrange qui semble cracher la lumière et le son au grè de ses humeurs et de celles des danseurs, ce monolithe électronique incongru au premier abord posé à jardin rend paradoxalement cette danse vivante, fébrile et fragile, terriblement humaine, tout en l’inscrivant dans la modernité. Christian Rizzo semble affirmer que la danse s’accommode de tout, se nourrit de tout et qu’il n’ y a pas d’opposition à accoler une danse de salon, voire folklorique, même revisitée, métamorphosée, à un art technologique, électronique pointu. Tout est une affaire de continuité, de dialogue. Et puis il y a cette seconde et dernière partie, une dernière danse, de celle qui signe la fin du bal, après une dernière éruption, surprenante et fascinante, de cette colonne qui signe non la fin de ce dialogue amoureux mais une métamorphose étonnante et poétique. Ne dévoilons rien ici. Mais c’est si surprenant, ce dernier petit tour de piste, si bluffant de simplicité que l’on reste ébahis devant cette dernière image qui avouons-le nous épate.

Ad Noctum Chorégraphie, scènographie et costume Christian Rizzo
avec Julie Guibert et Kerem Gelebek
création musicale, Pénélope Michel et Nicolas Devos
Musique additionnelle, Arvö Part
Création lumière, Caty Olive
Images, Luan-Hau Chiang et Sophie laly
assistante artistique, Sophy Laly
Réalisation costumes, Laurence Alquier
Collaboration graphisme tapis de scène, Michel Martin
Direction technique et régie lumière, Thierry Cabrera

Centre Georges Pompidou
75001 Paris
du 17 au 20 février 2016 à 20h30
réservations 01 44 78 12 33
www.centrepompidou.fr

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