Critiques // « A Mary Wingman Dance Evening » par Fabián Barba au Théâtre de la Bastille

« A Mary Wingman Dance Evening » par Fabián Barba au Théâtre de la Bastille

Mar 01, 2011 | Aucun commentaire sur « A Mary Wingman Dance Evening » par Fabián Barba au Théâtre de la Bastille

Critique de Solveig Deschamps

Un travail d’archéologue

Pendant une heure le jeune danseur et chorégraphe équatorien Fabiàn Barba nous emmène dans l’univers de la danseuse expressionniste allemande Mary Wigman (1886-1973), pionnière de la danse contemporaine dont il reste une trace filmée  de certains de ses  solos à vous arracher des frissons, notamment « Danse de la sorcière », le plus connu; elle rompt avec la danse classique en offrant au public un corps qui semble comme possédé, un masque sur le visage .

© Bart Grietens

Fabiàn Barba nous propose une succession de solos créés dans les années 30 par la danseuse qui a alors 43 ans. Il en a reconstitué trois d’entre eux d’après les films et deviné les autres grâce aux textes, lettres et notes de Mary Wigman.

Fabiàn Barba se met dans les robes de Mary Wigman

Trouble de la première image de ce grand corps d’homme habillé d’une robe que l’on dirait empruntée à Mary Wigman, perruque noire, visage impassible comme si un masque enveloppait son visage. Le plateau nu. Deux rasants. Ombre qui se dessine sur le rideau du fond de scène. Fin du premier solo. Noir. Cercle de lumière  dans lequel il salue avec la grâce d’une danseuse étoile. Noir plateau. Deux lustres s’allument dans la salle. Erreur de la régie ? On entend du piano et rien ne se passe. Puis il revient avec une autre robe, un autre solo. Neuf solos, neuf robes, neuf saluts, neuf lustres. Fabiàn Barba nous plonge dans une reconstitution de l’époque où chaque « pièce dansée » excédait rarement trois minutes.

Peut-on se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre ?

© Bart Grietens

« J’ai  eu envie de reconstituer sa danse, non pas pour exploiter le second degré, mais pour interroger ce qui avait changé depuis les années 20. Je voulais questionner le sentiment de “naturel” et de ”normal”, notamment dans l’univers de la danse contemporaine telle qu’elle se pratique aujourd’hui, en Europe. Je voulais creuser cette sensation d’étrangeté et éventuellement faire apparaître comme tout aussi étranges, ou en tout cas arbitraires, les attentes et les codes que l’on a aujourd’hui. »
L’ interrogation sur le répertoire et la transmission, sur l’évolution de la danse contemporaine est posée. Malgré tout on aurait aimé un décalage, même petit, qui nous aurait permis de nous transporter dans la folie de Wigman. C’est un peu dommage d’avoir l’impression de ne pas comprendre l’influence que cette grande dame a eu sur la danse contemporaine. C’est un peu dommage que Barba n’ait pas osé se laisser emporter, même si au moment des rappels on sent son lâcher prise qui nous laisse imaginer, du haut de ses vingt-six ans, une belle route artistique en devenir.

A Mary Wigman Dance Evening
Conception et danse : Fabián Barba / Cie Busy Rocks
Costumes : Sarah-Christine Reuleke
Musique : Hans Hasting et Sascha Demand
Lumière : Geni Diez

Du 28 février au 4 mars 2011

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette, 75011 Paris – Réservations 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

www.busyrocks.org

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