Critique de Denis Sanglard –

Avoir de bonnes intensions, le désir de monter une œuvre ne suffit pas à sa réussite. Zabou Breitman depuis longtemps souhaitait adapter et jouer La Compagnie des spectres de Lydie Salvayre. Roman dont le sujet, la folie d’une mère, les traumas de l’enfance, la transmission d’une révolte et de cette même folie ne peut que séduire.

Mais de se déplacer mécaniquement de cour à jardin au milieu d’un décor, posé au centre du plateau et aussi encombrant qu’inutile, ne suffit pas à faire une mise en scène. Les intentions sont louables, Zabou Breitman est une formidable conteuse c’est vrai, mais il aurait sans doute fallu ici un regard extérieur plus affûté et de vraies propositions dramaturgiques. Mais (encore une fois) la peur du vide semble avoir saisi tout à la fois le metteur en scène et l’actrice. Un roman n’est pas une œuvre théâtrale, il se suffit à lui-même. Tout effort d’illustration est condamné à être vain ou redondant. A moins d’en prendre le contre-pied absolu ou d’en faire une réelle adaptation. Ce n’est pas le cas ici. Nous devinons ce qu’il aurait pu en être quand assise sur une chaise Zabou Breitman déroule le récit simplement. Alors l’émotion nous parvient et l’on se dit que oui, enfin. Mais ce ne sont que de trop brefs instants et très vite tout se délite. Dommage.

La compagnie des Spectres
D’après : Lydie Salvayre (Ed. du Seuil et Ed. Points)
De et avec : Zabou Breitman
Regards extérieurs : Jacques Descordes, Michel Vuillermoz
Assistante à la mise en scène : Marjolaine Aizpiri
Décors : Jean-Marc Stehle, assisté de Arielle Chanty
Lumière : André Diot
Son : Laury Chanty

Du 28 septembre  au 31 octobre 2010

Théâtre Sylvia Montfort
106 rue Brancion, 75 015 Paris
www.lemonfort.fr

Voir aussi :
L’article de Bettina Jacquemin

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