Critique de Denis Sanglard –
Quinze ans que nous n’avions pas vu les Mummenschantz en France.
Pionniers du théâtre d’objet mêlant mime et marionnettes, ils sont de retour pour fêter quarante ans de création. Qui n’a pas au moins un souvenir, même fugace, de leur création? Ils sculptent la matière et l’espace, s’emparent de matériaux bruts aux matières diverses (tuyaux de caoutchouc, papier toilette, sac poubelle…) et sacrifiant le langage et toute expression du visage ils donnent ainsi à chaque création une portée universelle.
© Gerry Born
Ils expriment les sentiments les plus primaires avec trois fois rien. Jusqu’à l’abstraction la plus nue. Le tracé d’un simple ruban dans l’espace atteint des sommets de poésie inouïe. C’est une succession rapide de saynètes qui ne racontent rien d’autre que nos pulsions primaires, l’amour, la haine, la colère, la joie, la tristesse… Incroyable de voir combien une simple grosse boule de feutre, un tuyau, une feuille de papier peuvent exprimer de sentiments, d’émotions.
Les Mummenschantz s’effaçant, les objets se métamorphosent, habités d’un mouvement secret qui rend cela extrêmement troublant… Oui, ils sont vivants, à l’image de ce tuyau jaune jouant avec un ballon comme n’importe quel gamin. Et pas un bruit, rien que le froissement des matières pour musique.
C’est drôle, ludique, émouvant et tendre. C’est tout simplement magnifique. On reste soufflé de tant d’inventivité et devant ce paradoxe qu’un spectacle muet en dise aussi long sur notre humanité.
3×11
Par : La Compagnie Mummenschantz
Avec : Floriana Frasseto, Bernie Schürch, RaffaellaMattioli, Pietro Montandon
Direction technique : Jan LukasDu 20 juillet au 7 août 2011
Dans le cadre du festival Paris Quartier d’EtéThéâtre de la Cité Internationale
17 bd Jourdan, 75 014 Paris
www.theatredelacite.com