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Critique • « Cordoue 21, sur les traces de Séfarad » au Théâtre 14

Juil 22, 2013 | Aucun commentaire sur Critique • « Cordoue 21, sur les traces de Séfarad » au Théâtre 14

cordoue 21

©DR

ƒƒ Critique Djalila Dechache

La compagnie GRRR – groupe rires, rage, résistance – que dirige Susana Lastreto organise depuis 12 ans le festival « En compagnie(s) d’été  » qui se déroule du 18 juillet au 24 août au Théâtre Jean-Marie Serreau dans le 14 ème arrondissement de Paris.

En cette période estivale où tous migrent vers les festivals du sud de la France, les théâtres parisiens et franciliens sont vides et offrent ainsi aux compagnies sans lieu particulier, des moyens de répéter et de jouer. Susana Lastreto précise dans la présentation du festival que sa démarche consiste à partager un projet solidaire avec des compagnies dans un théâtre de service public en donnant une place de choix à la création.

Cette année, un hommage est rendu à Jacques Lecoq (1921 – 1999) et à Dario Fo son ami et inspirateur.

En ouverture de ce festival peu connu, un voyage en forme d’un concert de musique arabo-andalouse intitulé « Cordoue 21, sur les traces de Séfarad «  à la manière de l’irakien Ziryâb (789-857) celui qui introduisit le luth arabe en Andalousie en lui ajoutant une cinquième corde.

Sandra Bessis et son groupe de musiciens rendent hommage aux villes mythiques, de Cordoue à Istanbul passant de Grenade, à Alger, Salonique, Constantine et Tétouan, où vivaient grecs, latins, juifs, musulmans, chrétiens, tsiganes, arabes et ottomans.

Le programme se compose de chants et de musiques savantes, profanes, populaires et sacrées, arabo-andalouses,judéo-espagnoles,arabo-judéo-espagnoles, et autres combinaisons possibles.

Et c’est magnifique ! La salle est pleine à craquer ajoutant à la chaleur ambiante, on voyage, on ressent, on vibre et on en redemande.

Sandra Bessis née en Tunisie, chante, manie le chant depuis de nombreuses années, elle chante très bien et module sa voix en fonction des chants et des genres musicaux, on aurait aimé un peu plus de fougue et de passion pour ce répertoire quasiment dédié à l’amour, aux femmes, à la nature, à la beauté de ce monde engendré en méditerranée médiévale féconde et heureuse.

Avec elle, des musiciens remarquables :

Rachid Brahim-Djelloul, alto, voix et direction musicale, violoniste, musicologue, directeur artistique de l’ensemble Amedyez (chant du poète), Rachid Brahim-Djelloul obtient les premiers prix de violon et de musique de chambre au conservatoire d’Alger ainsi qu’une licence de musicologie. En France, il obtient le Prix de Violon et Prix d’excellence de musique de chambre. Fort de cette expérience avec son ensemble, il crée un spectacle qu’il réalise avec sa sœur, la fameuse soprano, Amel Brahim-Djelloul. Tous deux se sont singularisés lors du concert de l’orchestre symphonique Divertimento de la chef d’orchestre Zahia Ziouani à la Cité de la Musique de Paris le 11 septembre 2012.En septembre 2013, vous le retrouverez comme professeur au Conservatoire de Blanc-Mesnil, classe de musique de chambre.

Jasko Ramic, accordéon, tzigane de Serbie, formé par la musique traditionnelle de son pays et par le conservatoire de Moscou, Jasko Ramic est un maître de l’accordéon. Musicien de fêtes populaires il est aussi un soliste reconnu et récompensé par des prix de concours internationaux. Il accompagne des groupes et des chanteurs et a enregistré pour les Gipsy Kings. Il s’est produit dans de nombreuses villes de France et à l’étranger. On se met à aimer l’accordéon, réaccordé aux modes andalous lorsqu’il est entre les mains de Jasko Ramic.

Nourredine Aliane,’oud, mandole, formé au conservatoire d’Alger, il s’installe définitivement en France où il poursuit jusqu’à l’heure actuelle une double carrière musicale et universitaire. Il y accompagne nombre de musiciens, ainsi que la plupart des interprètes de la  sana’a et du hawzi. Il accompagne très régulièrement Sandra Bessis dans nombre de ses concerts ainsi que la chef d’orchestre Zahia Ziouani. Il fait résonner le ‘oud comme personne en lui donnant une amplitude extraordinaire.

On apprécie en particulier le chant des 13 perfections divines de Maïmonide, le poème chanté d’Ibn Labbana, de la poète andalouse Hamda (tous deux du 12 ème siècle) chant dédié à son amoureuse qui commence ainsi « Parmi les gazelles, une antilope est apparue….».Pour cette période, on se réfèrera à l’œuvre du Professeur Hamdane Hadjadji qui a consacré une anthologie de la poésie andalouse au féminin notamment.

Au final, une pièce instrumentale particulièrement appréciée du public et jouée avec beaucoup d’intensité, le Tekès d’origine grecque et turque avec un arrangement signé de Rachid Brahim-Djelloul. Lorsqu’il chante avec Sandra Bessis, il offre des modulations vocales magnifiques, sa voix se transforme en une arabesque sans fin.

Un CD du concert de ce soir est prévu en janvier 2014.

Festival en compagnie(s) d’été
18 juillet / 24 août 2013
Théâtre 14 Jean-Marie Serreau
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris
Métro : Porte de Vanves
Réservations : 01 45 45 49 77
www.grrrcompagnie.com

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